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المنطقة الجميلة خنقة سيدي ناجي في أقصى شرق ولاية بسكرة

 
 
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(les Ben Gama, qu'elle sentait impopulaire, pour se déclarer
civile, c'est-à-dire sympatique au mouvement antimilitaire qui
se préparait alors. En réalité elle n'est, comme toutes les zaouia,
sympathique qu'à ses intérêts, et elle pressent ceux-ci de très
loin.
La zaouia de Temacin est de beaucoup la plus riche, la plus
considérable et la plus puissante des quatre zaouia du cercle
de Biskra. Elle appartient aux Tedjinia, c'est-à-dire h l'ordre dont
Si Tedjeni a été le fondateur. Le berceau de cet ordre est Ain
Madhi, dans le cercle de Laghouat. Les marabouts de Temacin
n'ont pas rompu le lien religieux qui les attache à la maison
mère ; mais en réalité Temacin est devenue plus puissante que
Ain Madhi et en est complètement indépendante. Elle a ses
adeptes (Khouan) dans l'Oued-R'ir, au Souf, où elle a élevé la
magnifique succursale deGuemar, en Tunisie, où le bey actuel
s'est affilié à l'ordre et dans l'extrême sud où elle régente les
Troud, les Chamba, les Mekhadma, les Touareg, etc. Elle a
élevé une succursale à Temassenin , dans la haute vallée de
rOued Mya, à mi-chemin du Djebel Hoggar, chez les Touareg
Hoggar. Elle a des richesses immenses qu'elle fait passer, dit-
on, en Tunisie, et qui se chiffrent par une cinquantaine de mil-
lions. Elle a pour directeurs spirituels les El Aïd, saints mara-
bouts qui ne s'occupent que de prières et d'éducation; pour
directeur temporel elle a un des frères de mère des El Aïd, Si
Maamar, de race nègre, prodigieusement intelligent, qui a su
porter la zaouia et son ordre au comble de la prospérité.
Ces quatre confréries ont leurs alliances temporelles en har-
monie avec l'esprit des populations qu'elles englobent. Tim-
mermassin s'est inféodée aux Ben Chcnouf, Kheïran aux Ben
Naceur, suzerains du Djebel Chechar. Longtemps Tolga suivit
la fortune des Ben Gana et ne fit mine de se détacher d'eux
qu'en voyant l'opinion algérienne poursuivre la ruine des grands
chefs indigènes. Temacin s'est alliée au vieux parti national
représenté par Si Ali Bey, ce qui ne l'a pas empêché de faire
bon ménage avec nous. On peut donc dire que Tolga et Kheïran,
par leurs alliances politiques avec les Ben Gana et leurs parents
les Ben Naceur sont du parti français, ou tout au moins tel-
lien; les zaouia de Timmermassin et de Temacin alliées à
Si Ali Bey et à ses amis les Ben Chenouf représentent le parti
national, autonome, le vieux parii qui résista si longtemps aux
— 401 —
beys de Constanline lorsqu'ils étaient puissants, et qui accueillit
le dernier bey vaincu, espérant s'en faire un drapeau contre
le Tell.
Enfin, il est une autre secte, la plus secrète, la plus dange-
reuse, et peut-être la plus nombreuse de toutes celles qui ont
pris racine en Algérie, la secte des Snoussia. Celle-ci a franche-
ment pris pour mot d'ordre l'expulsion des Français du terri-
toire musulman. Son fondateur, Si Snoussi, est d'origine maro-
caine. Après do nombreux voyages et essais, il fixa sa résidence
au Djebel Lakhdar, dans le pays de Benghasi en Tripolitaine. Il
ouvrit une zaouia, prescrivit à ses adeptes des pratiques fort
sévères et exigea d'eux une obéissance absolue en ce qui con-
cerne la guerre à faire aux Français. Son ordre prospéra vite,
grossi tout d'abord de tous les réfugiés algériens qui fuyaient de-
vant la conquête française; puis des Mokaddem qui s'introduisi-
rent en Algérie et y firent de nombreux prosélytes. A la mort de
Si Snoussi, son fils, Si el Mahdi ben Si Snoussi (l'envoyé de Dieu,
fils de Si Snoussi), prit la direction de l'ordre et le poria à un
très haut degré de prospérité. C'est une confrérie dangereuse
pour nous, qui mine secrètement notre organisation adminis-
trative et nous créera de grosses difficultés au jour d'une insur-
rection générale.
XVI
Résumé de rinsurrection de 1879 dans l'Aurés.
L'insurrection de l'Aurès en 1879 a été préméditée, dirigée
et propagée par la tribu des Lehala, sur le territoire des Touaba
encore appelés les Ouled Daoud, de Batna. Les Lehala étaient
une tribu maraboutique, de race arabe, qui avait, aux époques
de propagande de l'Islamisme, remonté l'Oued el Abiod jus-
qu'à ses sources, converti à la doctrine du Coran les populations
autochtones et s'était fixée sur le sol môme des nouveaux con-
vertis pour leur servir de chefs spirituels. L'influence temporelle
leur vint vite, en même temps que les richesses, et pendant des
siècles ils dominèrent la montagne. Mais la conquête française
— 102 —
vint faire cesser cet état de choses. Bien qu'ils fissent tout le
possible pour isoler le fellah, le Khammès Chaouia du contact
Roumi, fellah et Khammès s'enrichirent par suite du haut prix
qu'atteignirent vite leurs productions de toute nature vendues
sur les marchés voisins, céréales, laines, troupeaux, dattes,
etc. Les montagnards achetèrent les terres de leurs anciens
maîtres, ils achetèrent même des palmiers et de l'eau dans les
basses vallées. L'antique prépondérance des marabouts s'en-
fuit, et bientôt ils se virent forcés d'opter entre une insurrection
ou une ruine complète.
Le mot d'ordre de la prise d'armes leur vint-il des chefs reli-
gieux résidant h l'étranger, ou de Timmermassin , ou bien des
chefs politiques expulsés de l'Aurès ? L'enquête faite à la
suite de l'insurrection jeta quelques lueurs sur toutes ces im-
mixtions, mais elle n'en étabUt formellement aucune. Elle lava
les Ben Gana de l'accusation un moment formulée par leurs en-
nemis de Sof d'avoir poussé à l'insurrection pour effrayer le
régime civil alors h ses débuts; mais elle ne put trouver les
vrais coupables. Nous ne dirons donc que les tendances géné-
rales et les faits avérés qui produisirent ou guidèrent l'insurrec-
tion, laissant chacun libre d'en tirer les conclusions.
Au village d'El Hammam qui appartient aux Lehala vivait
depuis quelques années un marabout du nom de Mohamed
Amzian, qui prit le nom religieux de Mohamed ben Abdalla
(esclave de Dieu). Il était né au village de Djaralla, chez les
Béni bou Sliman. Comme beaucoup de ses compatriotes il avait
émigré de bonne heure, abandonnant les montagnes arides qui
forment la ceinture orientale de l'Oued el Abiod, pour venir
s'établir au pays des Touaba beaucoup plus fertile. Il s'affilia
à l'ordre de Si Sadock, devint m'kaddem, puis iman de la mos-
quée d'El Hammam. Son influence s'étendit sur les Lehala, les
ïouaba et les Béni bou Sliman; il affectait de grands dehors
d'austérité et de piété, el il allait chaque année faire de longues
retraites à la zaouia de Timmermassin.
Il est probable que Mohamed rêva de faire vis-à-vis de Tim-
mermassin ce que Si Saddok avait fait vis-à-vis de Keiran, se
constituer en une secle indépendante dont il serait le fondateur
et le grand maître. Il flattait en cela les secrets désirs des Lehala
désireux de refaire leur influence religieuse et leur situation pé-
cuniaire.
— 103 —
Il redoubla de pratiques austères, de retraites et finit par
demander aux fils de Si Saddok revenus à Timmermassin , le
chapelet de grand m'kaddem. Mais Si Tahar, fils aîné de Si
Saddok et chef de son ordre, pressentit son ambition et ses
desseins. Il refusa obstinément le chapelet qui donne le droit
d'initiation et d'acceptation des néophytes. En mourant (1878),
Si Tahar recommanda à son frère Si Mustapha qui lui succédait
de ne jamais exaucer le désir de Mohamed. Celui-ci vint en
retraite à Timmermassin pendant l'hiver de 1878-1879. Il eut
pendant ses longues retraites et macérations des hallucinations
vraies ou feintes, où il voyait Si Tahar mort depuis un an, lui com-
mander la guerre sainte et lui promettre de venir se mettre à la
tête des fidèles en armes. Les marabouts de Timmermassin essayè-
rent de calmer ses surexcitations, mais ils se gardèrent de le dé-
noncer aux autorités françaises. Lorsqu'on leur demandait plus
tard pourquoi ils n'avaient pas livré h ce moment l'iman Mohamed ,
ils répondaient naïvement que tous leurs Khouan en étaient là
aux jours d'exaltation, qu'éteindre cette exaltation religieuse
serait ruiner l'influence des zaouia. Aveu précieux, qui nous
montre bien les secrets sentiments et les agissements des
zaouia à notre égard.
Mohamed revint de Timmermassin sans avoir obtenu le
grade de grand m'kaddem. Alors il résolut de forcer la main
aux fils de Si Saddok en faisant une insurrection qui le posât
comme le chef religieux de l'Aurès et lui valut l'influence de
Timmermassin. Il accusa sourdement les fils de Si Saddok de
tiédeur religieuse : dix années d'internement en France avaient,
disait-il, refroidi leur zèle religieux. L'Islam ne pouvait plus
compter sur eux. 11 s'offrit comme chef aux Lehala, leur pro-
mettant de rallier au mouvement les Béni bou Sliman où il
avait de nombreuses attaches. Les Lehala acceptèrent.
Mohamed usa puissamment des pratiques de la prestidigita-
tion arabe pour faire croire à sa mission divine. Réunissant en
grand secret les montagnards dans la mosquée d'El Hammam ,
on fermait toutes les portes, et des voix mystérieuses s'élevaient
alors prêchant la guerre sainte et déclarant Mohamed l'envoyé
de Dieu.
Malgré toutes ses pratiques, il ne réussit à entraîner dans le
mouvement ni les Touaba, ni les Béni bou Sliman. Seuls, les
mé*******s politiques de 1874, les vagabonds ou mauvais sujets
— 104 —
de ces deux tribus et de celle des Béni Oudjana lui promirent
leur aide, attirés par l'espoir du pillage. Les tribus, en tant que
communautés, refusèrent de se prononcer ; elles déclarèrent
vouloir attendre les preuves de la mission divine du chérif,
c'est-à-dire les premiers succès et elles n'osèrent dénoncer le
mouvement à l'autorité par peur des représailles de l'armée de
rebelles déjà formée et prête à les saccager sur un mot de
Mohamed. D'ailleurs tous ces premiers préparatifs s'étaient faits
très secrètement, et surtout très rapidement. C'était l'époque de
la moisson. La vallée de l'Oued el Abiod regorgeait d'étrangers,
les Touaba étaient comme noyés dans l'élément du dehors. Ces
étrangers étaient tout prêts à risquer une insurrection chez les
Touaba. En effet, ils n'y risquaient que les biens de ceux ci,
car les preuves de culpabilité sont toujours fort difficiles h
réunir plus tard contre les rebelles du dehors. Si l'insurrection
réussissait, les étrangers y gagnaient gros; si elle était vaincue,
les Touaba paieraient pour tous, et les étrangers iraient se
cacher dans leurs tribus, les leurs ne les dénonceraient pas. Ce
fut en effet ce qui arriva.
Cependant l'autorité militaire de Batna avait eu connaissance
de l'agitation d'El Hammam, mais sans en voir encore la gra-
vité. Elle envoya deux deïra (cavaliers. du bureau arabe) pour
s'emparer de la personne de l'iman et l'amener à Batna. En
arrivant à El Hammam , les deux deïra trouvèrent l'iman à la
mosquée et se mirent en devoir de l'arrêter en proférant, paraît*
il, des paroles insultantes. Mohamed ne trouvant pas encore le
mouvement suffisamment assuré, voulait se laisser emmener et
conseillait la soumission à la foule accourue autour de la mos-
quée. Mais dans cette foule un coup de fusil partit, puis d'autres;
les déïra furent tués et Mohamed délivré. L'insurrection était
commencée, le Rubicon était franchi.
Dès lors il n'y avait plus à hésiter; il fallait mener vite les
choses si l'on voulait réussir. Ici se dévoile le plan de l'insur-
rection et apparaissent les secrets mobiles qui l'avaient pré-
parée.
Les insurgés s'attaquèrent immédiatement aux trois caïds les
plus voisins d'eux. C'était indiquer nettement qu'on en voulait
surtout aux délégués du commandement français, à la conquête
française elle-même.
Une bande de deux ou trois cents insurgés, Lehala, Touaba,
— lOo —
Béni bou Sliman, se porta de suite vers les hauteurs de Médina
où se trouvait campé avec sa smala Si cl Hachmi, fils de Si bou
Diaf et depuis un an caïd de la tribu. Si el Hachmi vit venir
cette bande qui tenta de l'aborder en se disant déléguée par la
tribu. Il n'eut garde de l'attendre , monta à cheval avec ses
gens el, trop faible en nombre pour résister, rétrograda sur
Baina. Il fut un moment poursuivi à coups de fusil et enfin
échappa. '
Aussitôt aprôs, les insurgés revinrent à El Hammam distant
de 10 à 12 kilomètres seulement. Le coup manqué contre Si el
Hachemi pouvait faire avorter le mouvement. Il fallait à toute
force compromettre sans retour la tribu par un attentat grave,
qui ne lui laissât pas d'espoir de pardon, et qui la jetât de gré ou
de force dans l'insurrection. Les Lehalii avaient manqué leur
caïd, les Béni bou Sliman offrirent le leur.
Le caïd Bachtarzi résidait à côté et au-dessous du village de
Tkout , distant d'El Hammam de 25 à 30 kilomètres. Il n'avait
avec lui que deux ou trois deira. Il habitait un bordj assez
solidement fermé, qui était la propriété des Ben Chenouf. Les
habitants du village de Tkout ne le défendraient que peu ou
point, d'abord parce que l'attaque aurait lieu inopinément, en-
suite parce que les habitants de ce village sont des marabouts
qui ne savent point tenir une arme.
Afin de s'assurer de l'état des choses dans le bordj, on en-
voya en avant de la troupe un Béni Bou Sliman très connu de
Bachtarzi , avec mission de lui dire l'agitation qui régnait à El
Hammam, et de lui demander ses ordres pour les hommes de la
même tribu alors campés aux Touaba. L'indigène devait donc
se présenter comme envoyé par les Béni bou Sliman, désireux
de rester fidèles et demandant des ordres à leur caïd. Celui ci
lui donnerait des lettres ou des ordres verbaux et l'envoyé re-
viendrait h la bande, dire l'état des choses et la guider..
Tout se passa comme on l'avait comploté. Le Béni bou Sliman
arriva vers 10 heures du soir chez le caïd, qui avait déjà été
informé par la rumeur publique du meurtre des deux deïra, et
que les habitants de Tkout avaient invité à venir se mettre en
sûreté au milieu d'eux. Bachtarzi hésitait. Il ne croyait pas à
une insurreclion et n'avait d'ailleurs qu'une médiocre con-
fiance dans la protection des marabouts; il inclinait à quitter
Tkout et à se retirer à Eddessa oii Mchounech, afin de se mettre
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hors de portée. Le Béni bou Sliman le dissuada de ce projet,
lui montra l'agitation d'El Hammam comme peu grave, et déjà
calmée, lui dit que son départ produirait un effet déplorable,
€t enfin le décida h rester, malgré l'avis contraire émis par le
cadi, son adel et le secrétaire du caïd, tous présents à cette
scène.
Bachtarzi fit alors rapidement écrire des lettres pour ses
cheiiihs, les remit au Béni bou Sliman et le congédia en lui re-
commandant de faire toute diligence. L'envoyé rencontra les
insurgés cachés à 2 kilomètres de là , dans les lauriers-
roses de l'Oued Chennaoura. Il leur dit que Bachtarzi était
presque seul, et l'attaque fut incontinent résolue. La troupe en-
toura le bordj et y pénétra par une porte de derrière que laissa
ouverte la connivence ou la négligence de l'un des serviteurs
du caïd. Celui-ci, qui habitait une petite tourelle avec étage,
descendit afin de connaître la cause du bruit qu'il entendait. Il
fut saisi au passage par un Béni bou Sliman, aposté sous l'esca-
lier et qui le prit à bras le corps et par derrière. Pendant ce
temps les insurgés le criblaient de coups de poignards; il tomba,
sa tête fut coupée et son corps souillé. Les serviteurs, le secré-
taire et l'adel terrifiés assistaient à cette scène ; les insurgés les
mirent en demeure de témoigner de la mission divine de Mo-
hamed; ils obéirent et furent épargnés (31 mai).
La bande se retira aussitôt le coup fait. Elle ne tenta rien
contre le village de Tkout qui n'avait rien fait pour défendre
Bachtarzi. Les marabouts de Tkout étaient-ils d'accord avec ceux,
des Lehala et avec l'iman?
Sur le compte rendu immédiatement fait au bureau arabe de
Batna par le caïd Si el Hachemi de l'attaque tentée contre lui,
le général commandant la subdivision fit donner ordre au caïd
Si bou Diaf de se porter à El Hammam avec ses cavaliers pour
y rétablir l'ordre. Si bou Diaf était d'une bravoure légendaire^
mais il sentait bien qu'il ne pourrait rien sur la tribu révoltée
s'il ne disposait d'une autre force que les 25 ou 30 cavaliers qui
étaient à son service. On lui adjoignit un officier du bureau
arabe, quelques spahis, et il partit. Il alla camper à El Anasseur,
en haut d'El Hammam afin de s'assurer au préalable de l'état
des choses. Il y arriva tard, fatigué, et se garda si mal qu'il fut
surpris dans la nuit par les Lehala. Il se défendit comme un
lion, tua 4 ennemis de sa main et succomba. Si Bou Diaf mort.
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le reste de la troupe dut se retirer laissant des morts , des
blessés et tous ses bagages (2 juin).
Pour le coup, Mohamed était sacré par le succès. Bachtarzi
et Si Bou Diaf morts, les Touaba et les Béni bou Slima se trou-
vaient désorganisés, sans point de ralliement, sans personne
qui pût donner des ordres. Déplus, ces deux caïds expiaient aux
yeux du fanatisme arabe le crime de s'être francisés. Mohamed
fut déclaré chérif (noble, prophète, envoyé de Dieu) par les siens
et prépara un autre coup de main.
Les Touaba en effet hésitaient encore à se jeter dans le mou^
vement. Leurs notables s'étaient réunis le jour de la mort des
deux deïra et avaient décidé d'envoyer protester de leur sou-
mission à Batna. Après la mort de Si Bou Diaf et de Bachtarzi,
beaucoup furent entraînés; néanmoins la tribu ne se prononçait
pas; il en était de même aux Béni bou Sliman. L'insurrection
avait des individualités, non la tribu. Le chérif voulut par un
grand coup attester sa mission divine.
L'Oued Abdi est sur le chemin des Touaba à Batna. Le caïd
Si bel Abbès est un des plus anciens et des plus dévoués servi-
teurs de la conquête française; la portion aristocratique et no-
made de la population de l'Oued Abdi, les Ouled Zian le détes-
taient, d'autant plus qu'issu d'une famille religieuse. Si bel
Abbès répudiait tout fanatisme et proclamait hautement son
attachement pour nous. Le chérif résolut d'aller l'attaquer
chez lui.
Dans la nuit du 6 juin, il se porte avec tout ce qu'il a pu ra-
masser de monde, 7 à 800 hommes, dit-on, sur le bordj de
rOued Abdi. Le caïd Si bel Abbès n'y était pas; il avait laissé
au bordj son fils Si Lahsen et une trentaine de ses cavaliers. De
plus, le caïd des Ouled Zian y couchait depuis quelques jours,
ayant ses nomades campés ou occupés à leurs moissons dans
tout le voisinage. Par une coïncidence qui paraîtra singulière,
le caïd des Ouled Zian quitta le bordj précisément cette nuit-là,
à une heure fort avancée, et se rendit aux campements de sa
tribu. Vers 2 heures du matin le chérif arriva avec sa bande et
attaqua le bordj ; Si Lahsen et ses cavaliers firent une résistance
désespérée; les Ouled Zian campés dans le voisinage ne don-
nèrent point signe de vie, pas plus que leur caïd. A la fm, le
nombre l'emporta; le bordj fut envahi, les cavaliers massacrés;
Si Lahsen, fait prisonnier, fut amené au chérif qui ordonna de
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l'égorger, ce qui fut fait. Le feu fut alors mis au bordj et la
troupe rentra à El Hammam sans que personne la poursuivit.
Les Ouled Zian avaient entendu la fusillade, vu l'incendie du
bordj et n'avaient pas bougé. Aussitôt après le départ du chérif,
comme s'ils n'eussent attendu que ce signal, ils descendirent
en hâte dans les basses vallées de l'Oued Abdi, aux villages de
Mena, Djemora, Ouled Brahim, Branis, pour y pi'endre les
armes et munitions qu'ils y avaient laissées ; mais le comman-
dement de Biskra fit arrêter ceux qu'on put saisir et les autres
s'enfuirent.
Le succès de Mohamed ben Abdalla dans l'Oued Abdi frappa
les imaginations arabes. Les Ouled Zian étaient tous prêts à se
jeter dans l'insurrection; les Achèches, des environs de Batna,
commençaient à remuer; les Béni Oudjana envoyèrent ou lais-
sèrent partir nombre des leurs pour renforcer l'insurrection ;
ainsi des Béni bou Sliman et de quelques-unes des tribus de
l'Ahmar Khaddau les plus éloignées de Biskra. Pourtant, ce
faisant, les tribus eurent soin de protester de leur dévouement
auprès du commandement français, envoyant même quelques-
uns des mulets de réquisition demandés par Biskra, Batna ou
Khenchela pour organiser les 3 colonnes qui devaient marcher
sur Ll Hammam. Elles voulaient ainsi ménager les deux partis,
soutenir le chérif en dessous, par des individuahtés qui n'en-
gageraient pas la tribu, et garder officiellement fidélité à la
France.
Les Touaba cette fois s'engagèrent avec le chérif. Celui-ci,
dès le 7 juin, s'était mis à parcourir les villages Touaba en
grand cortège, musique en tête, montrant h tous les dépouilles
conquises à Tkout, à El Anasseur, au bordj de l'Oued Abdi. Il
enleva ainsi les esprits de cette tribu qui rechignaient au mouve-
ment, et déciiJa les cheikhs des villages à se prononcer pour lui
et à leur envoyer leurs contingents.
11 se mit en marche sur Tizougarine, voulant rallier officiel-
lement à sa cause les Béni bou Sliman et les Béni Oudjana. Les
Béni bou Sliman lui offrirent une dilïa empressée, en signe de
reconnaissance de sa suzeraineté, mais ils ne voulurent pas
s'engager avant que le chérif se fût mesuré aux Français ; là
était, disaient-ils, le vrai critérium, le signe infaillible qui les
ferait croire à sa mission divine. Les Béni Oudjana envoyèrent
des délégués, un miad , au chérif pour lui dire comme avaient
— 109 —
dit les Béni bou Sliman. Entre temps le chérif apprit que les
troupes françaises avaient quitté Batna et marchaient sur les
Touaba. Il revint donc en toute hâte à El Hammam qu'il croyait
menacé; il y réunit tous ses adhérents, résolut de se porter
au-devant des troupes françaises et à les assaillir dans une des
nombreuses gorges qu'offre le pays fort coupé entre El Hammam
et Batna. Il réunit j,500 hommes environ, les arma de son
mieux, les fanatisa par ses exhortations et leur affirma que par la
volonté de Dieu les fusils français trahiraient leurs maîtres et
ne partiraient pas. Les insurgés virent trop le contraire.
Le chérif arriva de nuit en face de la position française occu-
pée par deux compagnies de tirailleurs et un escadron de spahis.
C'était une simple avancée jetée en avant de Batna à R'baa.
L'escadron de spahis ne put faire grand' chose; mais les deux
compagnies de tirailleurs attendirent l'ennemi à vingt pas, firent
des décharges terribles et jonchèrent le sol des cadavres des
insurgés. Ces derniers avaient eu une telle confiance aux pa-
roles du chérif que nombre d'entre eux se précipitèrent sur nos
rangs ayant pour toutes armes des bâtons; des vieillards, des
enfants, enthousiasmés de l'idée d'une prochaine délivrance,
avaient suivi le gros des forces. Tout cela rebroussa chemin en
hâte et désordre sur El Hammam quand les fusils Gras des
tirailleurs eurent mis en fuite les assaillants plus sérieux. Quatre
cents indigènes au moins périrent h R'baa. On trouva parmi les
noms des morts tout ce que les quatre tribus des Touaba, Béni
bou Sliman, Ahmar Khaddou, Béni Oudjana, avaient de person-
nalités remuantes et mé*******es, cheikhs cassés, gens frappés
par nos tribunaux, et jusqu'à des évadés de Lambessa.
Le chérif revint consterné à El Hammam. Tout espoir était
perdu. Bien évidemment les tribus qui n'avaient pas voulu se
déclarer pour lui avant le combat, qui attendaient sa victoire
pour croire en lui, ne se joindraient pas à un vaincu. Le sort
du mouvement était donc jugé à R'baa. Le chérif n'avait plus
qu'à se tirer de son mieux et à tirer le moins mal possible ses
tribus, les Lehala surtout, du mauvais pas où il les avait enga-
gées. On n'avait eu affaire à R'baa qu'k une faible avancée des
troupes françaises; les colonnes commençaient à apparaître
vers Batna, Khenchela et Biskra ; elles allaient envelopper El
Hammam et les tribus soulevées comme d'un vaste filet. Il fal-
lait faire partir au plus vite les femmes, les entants, les vieillards,
— no-
ies troupeaux et les impedimenta de toute sorte. Il fallait en même
temps faire bonne contenance en avant d'El Hammam, couvrir ce
point par un rideau d'insurgés qui retînt le plus longtemps pos-
sible la colonne de Batna, la plus proche, en l'obligeant à se
compléter et se concentrer avant d'attaquer. Pendant ce temps,
les impedimenta prendraient de l'avance, et, au dernier mo-
ment, les insurgés se déroberaient et rallieraient leurs trou-
peaux.
Ce plan s'imposait, aussi fut-il admis sans discussion; il en
fut de même du choix du côté par lequel on s'échapperait. Les
routes de Batna, Khenchela, Biskra, étaient fermées par de
fortes avant-gardes par lesquelles le commandement avait cou-
vert ses colonnes; d'ailleurs ces directions menaient au cœur
des forces françaises, du pays fidèle ; il ne restait donc que le
côté de l'Est, ce pays si difficile de l'Oued-Guechtan, où nos
colonnes ne sauraient suivre immédiatement les insurgés.
L'Oued-Guechtan les menait dans le Sahara, sans qu'ils eussent
besoin d'affronter l'Oued el Arab et le Djebel Chechar, imprati-
cables en été à des troupeaux par suite du manque d'eau. D'ail-
leurs les Lehala savaient que le caïd du Djebel Chechar avait
convoqué ses goums et que l'on se heurterait à ces montagnards
restés sourds à l'appel religieux, ne connaissant que la voix de
leur caïd. On sortirait donc de l'Aurès par la basse vallée de
l'Oued Guechtan, on longerait ensuite le pied des montagnes
où l'on pensait trouver un peu d'eau. On essayerait ainsi de
gagner Negrin, puis la frontière tunisienne. On ne courait point,
croyait-on, risque de mauvaise rencontre dans le Sahara, à ce
moment vide de tous ses nomades. On avait compté sans les
goums du Djebel Chechar observant le Sahara du haut de leurs
pitons, sans les goums du Zab, sans les vigoureux spahis du
poste de Zeribet el Oued, sans la soif et la température torride
du Sahara en plein mois de juin.
Le plan adopté fut suivi de point en point. Le combat de
R'baa avait été livré le 9 juin; dès le 11, les troupeaux des Le-
hala étaient réunis et partaient avec les vieillards, femmes et en-
fants. Les Touaba, incités par le chérif à suivre le mouvement,
refusent en disant qu'ils n'ont point, en tant que tribu, parti-
cipé à l'insurrection et qu'ils demanderont l'aman aux colonnes
françaises. De peur d'être retenu par les Touaba et de les voir
engager le combat avec leurs anciens seigneurs les Lehala, le
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خنقة سيدي ناجي


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