ãäÊÏíÇÊ ÇáÌáÝÉ áßá ÇáÌÒÇÆÑííä æ ÇáÚÑÈ - ÚÑÖ ãÔÇÑßÉ æÇÍÏÉ - Les "alaouites" ne sont pas des "descendants" du prophète(6)
ÚÑÖ ãÔÇÑßÉ æÇÍÏÉ
ÞÏíã 2014-08-13, 14:57   ÑÞã ÇáãÔÇÑßÉ : 2
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Emir Abdelkader
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ÇÝÊÑÇÖí Les "alaouites" ne sont pas des "descendants" du prophète52°

Les "alaouites" ne sont pas des "descendants" du prophète(2°

suite...


14. Amuser "le descendant du prophète"
pendant que croule la nation du prophète !

Ensuite ce furent les cuisinières à charbon, mais il n’y avait pas de charbon pour plus de deux jours. Puis les pendules, sans doute nécessaires pour le « maître de l’heure ». Puis des corsets de femme et des falbalas des grands boulevards parisiens. Bref, n’importe quoi à n’importe quel prix. Rien n’est trop beau ni trop cher pour amuser "le descendant du prophète" pendant que croule la nation du prophète.

La seule innovation politique d'Abdelaziz, entre deux séjours à la nursery sera la création du "tertib", un nouvel impôt qui sera parfaitement exploité par le "Protectorat" pour avantager les colons européens au détriment des Marocains. Mais ce n’est pas l’occupant qui l’a inventé, comme le prétend Hassan II, mais bien son grand-oncle sorti pour une fois de son infantilisme. Et c’est son autre grand oncle Hafid qui aggravera cet impôt inventé pour remplacer l'impôt islamique Zakate seul admissible. Cet instrument d’oppression est le seul fait de la dynastie encore au pouvoir au Maroc aujourd'hui, instauré douze ans avant qu’un autre souverain alaouite ne signât le honteux traité d'occupation appelé: "protectorat".

Mais, comble d’infortune pour le souverain velléitaire, l’impôt new-look et détesté aggrava la trésorerie alaouite puisque les anciens impôts abandonnés ne rentrèrent évidemment plus et que le nouveau mit près de deux ans à rapporter dix fois moins que les anciens. Coup d’essai, pas de clerc. Mais Abdelaziz s’en fichait :il était déjà retourné à ses petites voitures mécaniques et pour payer des factures il empruntait de l’argent aux banquiers juifs et aux puissances occidentales ravies de prendre une hypothèque qui se révèlera être impossible à lever.

Ces factures impayées d’un monarque incapable, c’est le peuple marocain qui devra les payer de 44 ans d’un protectorat qui s’en ira en donnant en 1956 à un sultanat traditionnellement impuissant les moyens matériels, sécuritaire et militaires d’une dictature féodale mécanisée et aggravée. Moulay Abdelaziz est un filou, un insensé, un fou criminel de l’histoire de notre pays. Coupable de haute trahison, il s’esquivera avec un gros pourboire bien mérité jeté par la future puissance occupante qui le lui devait bien : il a fait beaucoup pour la France. Assez pour discréditer à tout jamais une dynastie qui aura précipité un pays dans l’abîme.


15. Quand Ba Ahmed empêcha l’envoyé
spécial français de rencontrer Abdelaziz...

La compétence de l’entourage politique du premier ministre était si ahurissante qu’elle stupéfia l’Europe. Ba Ahmed avait décidé d’envoyer un représentant de la couronne aux fêtes du jubilé de la reine Victoria, à Londres en 1897. Les Anglais tenaient beaucoup à impressionner les Marocains par leur faste et la grandeur de l’impératrice des Indes offerte à l’admiration des foules.

La délégation marocaine devait faire un petit crochet par Paris, louable souci d’économie, pour ménager l’amour-propre des Français qui n’avaient rien à fêter, mais qui étaient d’envahissants voisins en Algérie. C’était une bonne gestion, c’aurait pu être de la bonne politique.

Hélas, Ba Ahmed choisit comme ambassadeur un de ses frères, pas celui qui goûtait ses plats pour mourir empoisonné à sa place, un autre, dont tout Fèz savait qu’il était « faible d’esprit ». Faible mais suffisant, sans doute, pour ces vagues "tribus" françaises et anglaises que Ba Ahmed sous-estimait, d’autant plus qu’il n’en savait rien.

Ce qui devait arriver arriva. Pendant que l’ambassadeur exceptionnel regardait une brillante revue des troupes françaises sur l’hippodrome de Longchamp, ce qui aurait pu lui donner des idées sur la force militaire des puissances économiques, il piqua une crise de démence. Il fallut le ramener à son hôtel, écumant, prononçant des propos incohérents.

Son Excellence l’ambassadeur de la cour alaouite venait de sombrer définitivement dans la démence la plus totale. Les Français le rapatrièrent sur le croiseur « Alger », transformé pour la circonstance en asile diplomatique qui débarqua le bienheureux frère du premier ministre à Mazagan. On l’enferma à Marrakech.

Ba Ahmed qui avait tout perdu, et d’abord l’honneur dans cette pénible affaire, y gagna pourtant un joli cadeau l’année suivante. Puisque le Lagardère marocain ne pouvait pas aller au Quai d’Orsay, la France irait à lui. Ba Ahmed, suivant sa bonne habitude, empêcha l’envoyé spécial français de rencontrer Abdelaziz, le reçut entre deux portes, mais en reçut un jeu de superbes glaces qui ornent encore le palais de la Baya.


16. Ba Ahmed: sous produit du
système du gouvernement alaouite

Comme on le voit Ba Ahmed - sous produit du système du gouvernement alaouite - avait « l’esprit assez court », selon le mot d’un diplomate. Autrement dit, son intelligence était fort limitée. Mais il était « tenace et extrêmement vigilant », autrement dit fidèle aveuglément. On en demande pas plus à un courtisan, surtout pas, car les rois n’ont pas besoin de citoyens, mais de sujets, des esclaves dociles. Au reste, dans la famille au Maroc, l’on était serviteur du Palais de père en fils. Le grand-père de Ba Ahmed avait modestement commencé comme « Moul El Ferach » chargé du lit du sultan, Moulay Slimane.

Discret, dévoué, mais imprudent. Le grand-père fut tué un beau jour à la porte du palais par des soldats qui n’avaient pas touché leur solde depuis une éternité. Il laissait un fils Moussa né de sa femme juive d' Espagne, qui allait devenir grand-vizir du sultan Sidi Mohammed et père de Ba Ahmed, le « père Ahmed », de son vrai nom, Si Ahmed Ben Moussa.

Moussa amassa une énorme fortune en organisant les plaisirs du souverain. Cet entremetteur de haut rang, la race n’en est pas disparue, mourut de sa belle mort sur un tas d’or. Car il avait eu la précaution de s’entourer d’une garde efficace et bien rémunérée. La mort de son père l’avait marqué! Mais il laissait au sultan sa fortune et son fils Ahmed, notre "Ba Ahmed", né d’une de ces femmes d’origine juive.


17. Comment l’on fait une grande carrière
politique à la cour alaouite...

Le jeune "Ba Ahmed" grandit au Palais et devint le compagnon de jeu du futur sultan Moulay Hassan qu’il ne devait plus jamais quitter. Voilà comment l’on fait une grande carrière politique à la cour alaouite. Rien n'a changé depuis... Guédira a bien été le camarade de classe de Hassan II, et ceux qui vraiment gouvernent le Maroc d'aujourd'hui sont les juifs et les camarades de classe de l'enfant alaouite gâté Mohamed VI !

Le pays était pauvre, mais le sultan était riche. Le trésor du sultan ne contenait que de l’argent, pour payer éventuellement l’armée, le trésor du sultan était fait d’onces d’or (doublons d’Espagne), pièces anciennes inestimables, de louis français et de livres sterling. Monnaies rares qui provenaient toutes de cadeaux offerts par les pachas les gouverneurs et les caïds, obligés de verser leur obole pendant les fêtes religieuses, pour les anniversaires, les mariages ou les naissances du Palais.

Marques d’attachement automatiques, coutumes maintenues farouchement par tous les sultans alaouites et qui coûtaient très cher au peuple marocain, car il fallait bien que les notables prennent cet argent quelque part : on pressurait le peuple pour gaver sa cour. La touchante cérémonie était très sobre : le caïd déposait son offrande sur les genoux de "Sidna" qui le recevait en tête à tête.

Le caïd parti, Ba Ahmed entrait avec son gros registre, prenait la somme, l’inscrivait avec le nom du donateur et enfouissait registres et pièces dans la salle du trésor, contiguë à la chambre du sultan. Au suivant ! Hassan Ier laissa soixante millions de francs or à son fils – plusieurs dizaines de milliards de centimes. Il ne savait pas gérer le pays. Il savait faire des affaires…


18. Les sultans alaouites sont des
descendants de leurs mères...

Les alaouites attribuent une grande importance à leur origine pour donner, à leur pouvoir usurpé et illégitime, une légitimité de l'héritage familiale du pouvoir.

Mais Hassan II, et tous les stupides menteurs de la propagande alaouite, ne pourront faire croire à personne que les sultans alaouites ont eu des grands-pères maternels marocains, arabes ou musulmans: brodeurs de babouches à Tétouan, fellahs dans le Moyen Atlas ou caravaniers...!

Puisque, avec les sultans alaouites, on ne peut jamais être sure de qui sont réellement les vrais pères, l'on peut - au moins - savoir avec une relative certitude qui en sont les mères.

Selon la tradition des juifs - auxquels les alaouites sont très liés - l'identité ethnique se transmet par la mère.

La mère de Moulay Yazid, ce sultan du 18ème siècle, qui a été bandit de grand chemin, avant de monter quelques mois sur le trône, était une irlandaise. L’esclandre même pauvre. Ce n’est pas exactement le prolétariat marocain ou de la famille du prophète.

Sidi Mohammed ben Abdallah avait une grand mère anglaise, décidément ! Et une de ses favorites était corse. On sait même son nom Francheschini, mais l’on ne saura jamais lequel des tyranneaux alaouites a du sang corse dans les veines.

Au reste, ce Sidi Mohammed Al Abdellah avait l’Europe dans le sang puisqu’il épousa une italienne « de grande beauté », raconte le docteur et chirurgien juif William Lemprière qui, débarqué à Tanger en septembre 1789, passa quelque temps à sa cour et avait soigné les yeux du fils du souverain ( voir, traduit de l’anglais, « Voyage dans l'empire de Maroc et le royaume de Fez, fait pendant les années 1790 et 1791 » ). La belle italienne avait été capturée très jeune à la suite d’un naufrage et offerte au sultan qui la fit élever dans son harem. Il l’épousa. Ce n’est toujours pas une fille de forgeron de Demnat ou de l'un des descendants du propète. Et ce n’est pas encore cette fois que le sang robuste d’un honnête travailleur marocain a pu se mêler au sang illustre d’"un descendant du prophète". Sidi Mohammed inflige le plus cinglant des démentis à son rejeton mégalomane Hassan II : une autre de ses femmes était espagnole, une autre fille d’un renégat irlandais. Si je compte bien, sur ces quatre femmes "légales", trois étaient européennes.

Moulay Abderrahman avait reçu en cadeaux une jeune fille française dont il eut deux fils qui ne régnèrent pas, pour l’unique raisin qu’ils furent tous les deux empoisonnés avec leur mère.

19. La véritable tare organique du système
de l’héritage du pouvoir politique...

Fils d’une favorite circassienne de son père "Moulay" Hassan, et non pas d’une « femme du peuple », comme le prétendait son petit neveu Hasan II qui voulait démontrer à n'importe quel prix que la monarchie alaouite plonge ses racines dans les tréfonds du peuple marocain.

Il était le chouchou de son père qui avait par ailleurs deux autres fils qui ne valaient pas mieux.

Mais revenons un moment sur l’origine « populaire » de la monarchie grâce aux femmes.

On va très vite le voir. La dernière preuve d’incapacité politique donnée par Hassan Ier, l’arrière grand père d’Hassan II, est bien d’avoir exigé que ce nigaud sans personnalité hérite de l’affaire familiale, je veux dire le du Maroc.

A 16 ans, Abdelaziz succéda donc à son père. Un enfant dira-t-on, mais c’est le la tare du stupide système de la transmission du pouvoir sur tout un pays et un peuple par l’héritage : une véritable tare organique.

En fait C’était le tout-puissant Ba Ahmed qui hérita du pouvoir, se nommant premier ministre et calfeutrant son peu reluisant « souverain » au fond de son palais d’où il ne le faisait sortir que le jour de la prière pour bien montrer au peuple qu’il y avait toujours un alaouite sur le trône.

L’exhibition terminée, on ramenait "l’émir des croyants" dans ses appartements et le bon et fidèle ministre pouvait continuer à faire sa fortune et celle de ses deux frères sur le dos du pays.

Le coup d’état de Ba Ahmed n’a pas même choqué le personnel politique ni l’opinion publique qui méprisait encore plus ses frères envahissants.

Moulay Ahmed, fils de Moulay Ismail fut déposé six fois ! Le « consensus populaire » sans doute pris se modifiait à toute vitesse.

Comme on le voit, les Alaouites ont fait faire un spectaculaire bond en arrière à leur royaume.

Un témoin objectif note : « Moulay Abdelaziz avait passé les trois premières années de son règne dans une oisiveté complète, toujours enfermé dans son harem, il n’avait eu avec le monde extérieur que des relations officielles très rares et étroitement surveillées. »

Autrement dit, il ne savait pas ce qui se passait dans le monde, il ignorait tout de son peuple, conditions particulièrement favorables pour gouverner sans préjugés!

C’est ce que Hassan II appelle « une organisation du pouvoir central autour d’une famille désignée par le choix populaire ». (« Le Défi », p.154).

On voit bien à la rigueur un « pouvoir central » racketté par un politicien, mais parler d’organisation et de consensus populaire relève de la fiction la plus ahurissante !

Ba Ahmed était un « maire du palais » et Abdelaziz un authentique « roi fainéant » : les Français ont connu ça chez eux, il y a deux mille ans.

La différence entre la situation de Mohamed VI d'aujourd'hui et celle de Moulay Abdelaziz, est que, maintenant, nos "Ba Ahmed" ne sont, eux-mêmes en fait, que de simples marionnettes entre les mains du pouvoir juif et d' Israël qui visent à mettre à genou et à dominer notre pays et la nation islamique toute entière.


20. Une vraie occupation et un sultan fantoche

La France qui venait, jouissant de l'appui russe, de mettre en échec l'Allemagne (1) - grâce à laquelle précédemment l'indépendance du Maroc avait été internationalement respectée - lors de la Conférence d'Algésiras (1904), sûre de la neutralité néanmoins peu bienveillante de l'Angleterre, commençait à faire l'inventaire de son "protectorat"! En fait, le colonialisme français s'accommodait évidemment fort bien du fantoche Sultan alaouite de Fez qui allait lui laisser les mains libres.

Un Comité du Maroc, présidé par le député d'Oran Eugène Etienne, ministre, de temps à autre, et théoricien de l'administration coloniale directe et néanmoins futur protecteur de Lyautey, s'était créé une nouvelle succursale du comité de l'Afrique Française.

Le comité envoyait des missions d'étude au Maroc pour faire le tour du "futur" propriétaire! Ces spécialistes "scientifiques" "désintéressés" d'aujourd'hui seront les conseillers du protectorat de demain.

Ségonsac, Gentil, Doutté et les autres étudiaient les tribus marocaines pour mieux savoir les utiliser et les neutraliser. On étudiait le réseau hydrographique, on recensait les ponts, les gués, informations toutes très nécessaires à un corps expéditionnaire…

La "République" française a besoin de savants! Action à double tranchant qui échappait totalement à Moulay Abdelaziz qui ne s'intéressait qu'à éterniser son pouvoir personnel! Il n'avait retenu de la Conférence d'Algésiras que le souhait des grandes puissances qui "souhaitaient" qu'il restructurât son armée. Et il fallait par conséquent que ses rentrées fiscales fussent suffisantes pour payer la solde de quelques milliers de fantassins et les armes que ces mêmes puissances se faisaient un plaisir de lui vendre avec le personnel militaire d'après-vente


21. Embryon d'une "armée-police moderne"
pour un féodalisme makhzénien mécanisé

Les dits conseillers militaires étaient là surtout pour renseigner leurs gouvernements respectifs (français, anglais et même italiens) sur l'évolution de la politique du makhzen alaouite et l'état des forces du sultan alaouite. Cet embryon d'"armée moderne" qu'Abdelaziz acceptait de façon humiliante n'était pas de toute évidence destiné à préserver l'intégrité des frontières du Maroc, mais à assurer le maintien de la "sécurité" et de l'"ordre intérieur", afin de permettre une perception normale des impôts et des douanes, dont la majeure partie, voire la totalité revenait à ceux qui avaient prêté au sultan alaouite de quoi s'acheter de nouvelles pour se protéger du peuple marocain.

Ce type d'armée-police était, au demeurant, absolument dans le droit fil de la tradition alaouite qui, refusée par le pays, a toujours dû se battre contre lui pour se maintenir sur le trône.

Ce n'était pas pour choquer les dignitaires du maghzen alaouite qui, faute de rafler les impôts, spéculaient honteusement sur les céréales. On n'imposait pas cette situation au sultan, ce sont ses ancêtres qui l'avait imposée depuis deux siècles et demi: au pays.

L'uniforme changeait, le système répressif demeurait.

Pouvoir de plus en plus affaibli et incapable de remplir sa mission, mais identique à lui-même depuis des siècles.

Seulement cette fois le pouvoir était tombé si bas que les Puissances - dont les intérêts se confondaient avec ceux du Palais - devaient intervenir ouvertement pour maintenir un système qui asservissait le peuple marocain, et tenter de prévenir toute révolte de sa part.

Ces précautions ne suffiront pas à endormir la conscience nationale spontanée des Marocains.

Ils se révolteront.

Et à chaque fois le Palais et les envahisseurs étrangers se retrouveront unis pour mâter les résistances populaires.

Ce sera toute l'histoire de la première moitié du vingtième siècle.

Mais déjà en 1904, les camps sont nettement définis.

D'un côté, le Maroc vrai, le Maroc profond que la monarchie empêche de se relever.

De l'autre, cette monarchie exsangue qui, pour maintenir son parasitaire existence tyrannique, ne peut trouver comme alliées que la future puissance occupante et ses rivales colonialistes qui la surveillent plus ou moins lucidement.



22. La trahison des Alaouites est totale

La monarchie alaouite est l'alliée, et donc la dupe, de l'impérialisme coloniale mercantile et industriel, fondé sur le modèle anglais, alors en pleine expansion, et qui ne connaît que des succès grâce à l'absence d'opposition suffisante qui peut faire le poids.

C'est un marché honteux - entre les alaouites et les envahisseurs étrangers.

Et tout marché implique une rémunération.

Le sultan s'est acheté un gendarme.

Comme il ne peut pas le payer, il laisse tout un peuple en gage ou en otage.

C'est à ce prix qu'il pense garder son pouvoir.

Les intérêts vont courir: il s'en moque. Il est insolvable. Les puissances occidentales ont fait indubitablement une affaire: il est beaucoup plus efficace de garder le sultan sur son trône que de conserver un rituel.

Ils agiront plus efficacement derrière cette fiction.

Le sultan alaouite va collaborer sans réserve avec les puissances occupantes. Alibi, paravent, il va empêcher longtemps le peuple de résister. Le couvercle va sauter, bien qu'il soit cramponné dessus. Il ne faisait pas le poids!

La trahison des Alaouites est totale. Et elle est double.

Trahison active en acceptant – avec des minauderies de vieille coquette, pour la galerie - que soit institutionnalisée la présence étrangère qui conforte le sultan sur le trône, son unique souci.

Les intérêts supérieurs de la nation, les Alaouites n'ont jamais su ce u'ils sont!

Trahison passive qui durera jusqu'aux derniers soulèvements populaires des années 53-55, en ne centralisant pas les innombrables mouvements de résistance qui vont se développer dans tout le pays, et en aidant au maximum son gendarme français à les réprimer.



23. Les lois des occupants signés par le sultan!
Protégé par la France, il bazarde son armée !

.Le flic est français, mais le mandat d'arrêt est signé par le sultan! Et par personne d'autre. On l'a trop souvent oublié après l'"indépendance".

C'est la logique même d'un pouvoir détesté qui aura toujours segmenté l'unité nationale. Pour faire reculer un peu le spectre hideux de la banqueroute Abdelaziz brade, et c'est un symbole, les seules forces modernes et efficaces qui sont à sa disposition.

Le sultan "fourgue" son seul navire de guerre opérationnel, le beau "Bachir". Petit croiseur tout neuf, il a été livré, six ans plus tôt, en 1899. Construit à Livourne, commandé par des officiers scandinaves et manœuvré par un équipage marocain. Abdelaziz le bazarde, curieusement, à la Colombie.

Le marchandage a eu lieu entre minuit et deux heures du matin dans un bistrot derrière l'Opéra de Paris. De la haute politique! De quoi s'acheter quelques jouets pour le sultan: quelques trains électriques ou appareils photos de plus!

Puis Abdelaziz solde le "Sid Et Turki", petit cargo commandé en Allemagne dans les années 1890.

Puis les vieux "Hassani" qui avaient été longtemps la gloire de son père Hassan Ier et qui était un navire garde-manger: il permettait à ses troupes de ne pas mourir de faim quand elles partaient en opérations contre leur propre peuple et dans leur propre pays et jamais pour défendre la patrie!

Le "Hassani" était un cargo britannique qu'Hassan Ier avait acheté aux Anglais en 1885 au temps où ils dominaient à la cour de Fez; 1.100 tonnes de 40 hommes d'équipage. La perle de la flotte - Abdelaziz n'avait plus besoin de garde-manger pour ses soldats: l'intendance française prenait le relais. A la vérité, le "Bachir" n'avait jamais beaucoup navigué. Il avait surtout un rôle décoratif, qu'on aurait bien voulu être un rôle d'épouvantail, dans la rade de Tanger, face aux légations étrangères qu'il était supposé impressionner! S'en débarrasser était un geste dérisoire et tristement symbolique.

Plus d'armée, plus de flotte même embryonnaire, le pays était à la merci du premier hold-up. Abdelaziz n'osait même plus sortir du palais, ni être protégé par sa garde commandée par des étrangers, comme aux beaux jours de son aïeul Moulay Ismaïl.



24. Les alaouites ont massacré le Maroc
et ils y ont crée un chaos et vide politique

C'est dans ce vide politique total que des "prétendants" au trône se mirent à pulluler. Leurs succès renouvelés montrent à quel point le peuple marocain était désemparé et le pouvoir vacant.

On en présentera trois. Deux très connus: Bou Hamara et El Hiba.

Bou Hamara, ("l'homme à l'ânesse", ainsi surnommé parce que son cheval de combat était une vieille bourrique) s'était constitué un véritable royaume en se faisant passer pour le frère aîné d'Abdelaziz, Sidi Mohammed, emprisonné, comme on sait, par Ba Ahmed pour permettre à Abdelaziz de régner.

Selon la tradition alaouite, tous les fils du sultan mort ont les mêmes droits à la succession. La règle de primogéniture ne sera instaurée - pour la première fois en droit - que par Mohamed V (sur proposition de Mehdi Ben Barka, alors président du conseil consultatif) sur le modèle des monarchies occidentales, au bénéfice d'Hassan II.


25. La profonde imbécillité du système monarchique

Ainsi les douze fils de Hassan Ier avaient-ils les mêmes droits. Les paysans de Taza qui soutenaient les droits du supposé Sidi Mohammed, n'avaient rien de hors-la-loi.

Ils ne faisaient que montrer l'imbécillité profonde du système monarchique et souligner à quel point le sultan régnant ne régnait pas dans les "cœurs" des citoyens…

Il fallait seulement une marionnette sur le théâtre.

Bou H´mara était un prodigieux homme de scène et il avait séduit les masses forcément naïves par la magie de son verbe et celle de ses tours de prestidigitation. Son habileté avait de quoi rendre Abdelaziz fou de jalousie, lui qui faisait venir à prix d'or des vedettes européennes pour effectuer des tours que Bou H´mara faisait tous les jours aussi bien, dans le Rif.

Toute cette farce est sinistre, car c'est le peuple qui en fait les frais, mais il faut le dire. Dans tous les cas, on l'amuse pour mieux le dominer. Si bien que les tribus se levaient derrière Bou H´mara et marchaient sur Fez pour détrôner "l'usurpateur" Abdelaziz.

Bou H´mara s'était même composé une petite cour sur le modèle de celle de Fez. Il était fin prêt à prendre le pouvoir que n'avait jamais détenu Abdelaziz: d'autant plus qu'il - comme Mohamed VI d'aujourd'hui - n'avait pas d'idées politiques. S'il avait été le vrai Sidi Mohammed il n'aurait fait que maintenir le système. C'était tout simplement un escroc particulièrement culotté et bourré de talents. Très largement suffisant pour menacer une monarchie aussi caricaturale que lui. C'est ce que ne pouvaient accepter les Puissances étrangères qui surveillaient le gâteau marocain: il fallait absolument que l'Alaouite d'alors restât sur le trône pour u'elles puissent passer à table. On n'eût pu en inventer un de plus complaisant. On y veillera. On va le voir.

Bou H´mara n'avait eu aucun mal à constituer son petit "makhzen" à lui, représentation grandeur nature de celui qu'il avait si bien connu, quand il n'était pas le "frère" du sultan, mais tout simplement un obscur secrétaire du makhzen mis à la porte pour des raisons que l'Histoire n'a pas retenues.



26. Manque de maturité politique des marocains!
On ne choisit pas entre la peste et le choléra !

Bou H´mara s'appelait en réalité Jilali Alsfi Azzerhouni et il allait faire payer très cher son licenciement sans indemnités!

Ses troupes augmentaient en s'approchant de Fez. Les tribus de la montagne se soulevaient en masse pour renverser un sultan et le remplacer par un autre, inexcusable manque de maturité du peuple marocain (qui s'est d'ailleurs répété, quarante ans plus tard, avec l'accueil stupide réservé au cheval de Troie du néocolonialisme Mohamed V. Tel - pour, résoudre nos problèmes actuels avec cette décadente mafia criminelle alaouite - imaginer le remplacement de la peste Mohamed VI par le choléra "Moulay Hicham", candidat à une nouvelle "bouhmarisation" moderne du Maroc)!

Complètement paniqué, Abdelaziz réunit ce qui lui restait de troupes, donna le commandement en chef à un oncle, le "chérif" Abdesselam Alamrani. De toutes façons il n'y avait pas foule pour briguer le poste.

Le 22 décembre 1902, les troupes alaouites subirent, comme d'habitude, une défaite totale. Les paysans marocains savaient contre qui ils se battaient, même s'ils se trompaient et ne savaient pas pour qui!

Les vagues de mercenaires étrangers d'Abdelaziz étaient en fait démobilisés avant même de monter au combat. Ce qui leur coûta très cher. Ils eurent des centaines de tués et de blessés: les gens de la montagne avaient très vite appris à se servir des fusils modernes à tirs rapides.

L'armée du sultan perdait ses tentes, ses munitions, et douze canons qui n' avaient pas eu le temps de tirer.

Les fuyards se jetèrent éperdument dans Fèz, y semant une panique contagieuse qui déboussola complètement la ville.

Bou H´mara sous-estima les dégâts qu'il avait faits et se *******a de rentrer dans sa petite principauté de Taza qui suffisait peut-être à son ambition et à son bonheur, mais ce qui provoqua son malheur.

L'horrible peur avait tout de même causé un miracle; elle avait donné une idée à Abdelaziz. Pour démystifier Bou H´mara, il fit tout simplement sortir son frère Sidi Mohammed de sa prison, le nomma gouverneur de Fèz, après réconciliation à grand spectacle sur la place publique et tout le Maroc, apprit que Bou H´mara était un menteur. L'effet fut fâcheux sur une partie de ses tribus amies qui n'avaient plus de prétexte apparent pour détrôner Abdelaziz. Les plus dures restèrent auprès de lui, puisqu'il les menait toujours à l'assaut du trône.



27. On a réussit à couper cinquante
têtes de rebelles et à les faire afficher...

Si Bou H´mara avait manqué une facile victoire par k.o, Abdelaziz n'était toujours pas tiré d'affaire, car son ministre de la guerre, le beau L'Mnebhi, suivant la tradition alaouite, réussit bien à couper cinquante têtes de rebelles et à les faire afficher sur les créneaux de Bab Mahrouk à Fèz,

il ne put profiter de ses petits succès initiaux. Faute d'argent, le général se retrouva sans soldats et rentra à Fez sans avoir inquiété Bou H´mara, le roi de Taza.

C'était le statu quo, ridicule pour le palais, flatteur pour Bou H´mara.

Avec les conseillers français qui sévissaient au Palais, l'état-major d'Abdelaziz mis au point un plan fastueux pour encercler Bou Hmara.

L'armée française permit à l'oncle Arafa de partir de la frontière algérienne (département français) et l'armée espagnole permit à l'autre oncle El Amrani, le vaincu de la veille, de s'appuyer sur Melilla, forteresse espagnole enclavée dans le sol marocain.

De toute évidence, les Puissances occupantes tenaient à ce qu'Abdelaziz reste en place.

Un faux sultan reçu pour vrai n'arrangeant point leurs affaires. Mais elles ne pouvaient pas intervenir directement, car il fallait protéger l'amour-propre du sultan protégé et surtout celui de l'Allemagne, très sourcilleuse sur ce point de la préservation de l'indépendance du Maroc.

Il fallait donc à tout prix donner la fausse impression de "marocaniser" le conflit, mais aussi le faire cesser au plus vite.

En effet, le Protectorat que l'on concoctait n'était internationalement possible que si le sultan "légitime" régnait à Fez: la France et l'Espagne n'avaient pas internationalement le droit d'intervenir militairement.

Tous ces calculs machiavéliques s'effondrèrent en quelques heures: les deux oncles furent écrasés, l'un au Nord, l'autre à l'Est, si bien que le 5 avril 1903, Bou H´mara fut proclamé sultan sous le nom de Sidi Mohammed, dans Oujda en liesse!

Et, aujourd'hui, il est curieux de voir dans les livres officiels de l'Histoire du Maroc à usage des lycées et des collèges que ce sultan, après tout choisi par une province et non pas par un quelconque Ba Ahmed comme Abdelaziz, ne figure pas dans les listes officielles des souverains, bien qu'il soit resté au pouvoir plus longtemps finalement que bien des souverains alaouites!

Naturellement, le succès de Bou H´mara faisait-il tâche d'huile: une partie du Moyen-Atlas se déclarait pour lui.

Encouragé par Bou H´mara, Raïssouni, un autre membre de cette mafieuse famille alaouite, un vrai cette fois, menaçait les portes mêmes de Tanger.

Les Puissances occidentales commençaient à trouver la chose un peu saumâtre. Leurs ministres étaient bloqués dans Tanger, le secteur oriental était indépendant et risquait de donner un fâcheux exemple aux Algériens étroitement quadrillés par des troupes françaises de plus en plus mal à l'aise. Il suffisait d'un petit fonctionnaire arriviste et rancunier pour mettre tout un édifice en péril.

Un rien suffisait pour déclencher des réactions anticolonialistes en chaîne authentiquement populaires, quand bien même dévoyées. La leçon ne sera pas perdue.



28. Le Waterloo manqué des alaouites si l'armée
occupante n'était pas intervenue pour les sauver...

Le ridicule le disputait au tragique pour Abdelaziz et ses partisans occidentaux. Le sultan sorti pour une fois de son palais pour venir au secours de son ministre de la guerre Mnebhi que Bou H´mara avait astucieusement laissé s'enfermer dans Taza, n'avait pu dépasser Hajra El Kohila sur le Sebou, à une journée de marche de Fèz. Son ministre échappé de justesse de Taza vint le rejoindre. Tous les soldats s'étaient débandés. Personne ne voulait mourir pour un tel sultan!

Abdelaziz et son ministre, entouré d'une demi douzaine de cavaliers parvinrent tout juste à regagner Fèz et à s'enfermer derrière ses murailles.

C'aurait été le Waterloo de la dynastie si l'armée française n'était pas intervenue pour sauver la face. Elle le fit avec un maximum de "discrétion" à cause de ses "associés", mais elle sauva le sultan. Il faut s'appeler Hasan II pour oser parler de "consensus populaire" à propos des liens entre la monarchie marocaine et "son peuple"!

Paria dans son propre royaume, le petit sultan de Fèz fut sauvé in extremis par les canons français. Les choses avaient au moins le mérite d'être claires. Le sultan du Maroc s'est maintenu grâce aux caissons de l'artillerie française. Mais c'est son frère et successeur qui en profitera de la plus horrible façon.

Bou H´mara va tenir huit ans avec des fortunes diverses, plus longtemps en tout cas que son rival Abdelaziz chassé par son frère Hafid.

Bou H´mara avait installé son quartier général dans la kasba de Selouane (entre Oujda et Melillia) d'où il narguait le sultan de Fèz: le trône avait changé de titulaire, personne ne s'en apercevait: les Alaouites sont en effet tous interchangeables puisqu'ils sont tous nuls.

Bou H´mara, il est vrai, ne progressait plus, mais il prospérait toujours, épine insupportable dans le pied des accords franco alaouites.


29. Les alaouites lançait une
partie du peuple contre l'autre...

Le nouveau protégé des occupants, Hafid, perdait la face, et c'était mauvais pour elle: le sultan humilié pourrait avoir des velléités de changer de "protecteur": il y avait des candidats!

Alors la France fit donner la mission militaire en poste à Fèz. Après tout, elle était là pour ça. Le Palais en faillite trouva subitement de l'argent pour payer une petite colonne, encadrée par des officiers français engagés pour mettre fin au règne de l'"usurpateur".

C'était, sans le nom, une opération de type goum: on utilisait des Marocains commandés par des Français pour tuer d'autres Marocains révoltés contre le pouvoir du sultan.

On lançait une partie du peuple contre l'autre, style alaouite rectifié protectorat.

La colonne avait une arme secrète: une batterie d'artillerie toute neuve, ultra moderne, servie uniquement par des sous-officiers français évidemment peu accessibles aux raisons qui faisaient se soulever toute une province.

Dès les premiers échanges, les partisans de Bou H´mara lâchèrent prise et le prétendant se réfugia dans le tombeau d'un marabout, lieu traditionnel d'asile, inviolable. Pas pour les artilleurs français au service de "Sa Majesté": on écrasa le monument sous les obus. Au quarantième mort, Bou H´mara se rendit.

Le 20 août 1909, il faisait son entrée dans Fèz, dans une cage de fer où on l'avait enfermé après sa reddition, alors que huit ans plus tôt il aurait pu y entrer en triomphateur.



30. D'un coup de hache le bourreau de Moulay
Hafid leur coupa le pied droit et la main gauche

Les bourgeois de la ville à qui il avait fichu une trouille si durable s'en vengèrent en l'insultant bassement. Le sultan fit bastonner tous les prisonniers, en tria personnellement trente qu'il fit atrocement torturer devant lui. Au Palais des alaouites, la vengeance est un plat qui se mange chaud!

D'un coup de hache le bourreau de Moulay Hafid leur coupa le pied droit et la main gauche, ou le pied gauche et la main droite, "amputation diagonale", selon une spécialité de la coutume alaouite. Puis on plongea les moignons sanguinolents dans du goudron bouillant pour arrêter l'hémorragie. Il y eut deux ou trois survivants. Le chef de la Nouba, la musique officielle de Bou H´mara, eut un régime particulier: le sultan lui fit arracher les dents et agrandir la bouche d'une oreille à l'autre. Quant à Bou H'mara, il fut jeté en prison.

Mais le sultan ne dormait plus: il vivait dans la terreur d'une évasion et dans la crainte que les consuls étrangers ne lui demandent la grâce du rebelle, l'exécution des révoltés ayant fait la plus mauvaise impression dans la presse occidentale.

Le protégé des grandes puissances avait une allure sinistre, ce n'était pas bon pour la haute politique. Le chef de la garde noire, M´barek Soussi, fit donc sortir de son cachot Bou H´mara sous prétexte de le conduire près du sultan, puis lui tira une balle de revolver dans la nuque et coupa la tête de l'ex faux Sidi Mohammed pour prouver à son maître que son cauchemar était fini. En passant devant la ménagerie Soussi jeta le corps dans la cage aux lions. Il fila ensuite à Dar Debbagh où le sultan passait l'été plus au frais. Le souverain contempla la tête où jouaient déjà les mouches et ordonna de l'enfouir dans le jardin de sa villa. Elle ne risquait pas de devenir une relique. En rentrant au palais de Fèz, Soussi eut la désagréable surprise de voir que les lions chérifiens avaient dédaigné de croquer le corps mutilé de Bou H´mara. Il tenta d'y mettre le feu, échoua à moitié et enterra le corps à demi carbonisé dans un coin de l'Agdal.



31. La résistance islamique de Casablanca

L'ermite Bou Nouala. Dans la région de Casablanca, la résistance populaire aux envahisseurs venus "rétablir l'ordre" dans la Chaouia (au nom du nouveau sultan Moulay Hafid qui a chassé son frère Abdulaziz) continuait. Dans un douar de Oulad Saïd, province de Casablanca, vivait un ermite nommé Mohammed Ben Abdellah, mais que tout le monde connaissait sous le nom de Bou Nouala, l'homme à la "paillote". (les nouala sont des huttes en jonc qui constituent l'habitat des pasteurs semi-sédentarisés des plaines aquatiques.)

Bou Nouala était inspiré de Dieu et on venait le voir de loin pour demander un conseil, recevoir sa bénédiction. Bou Nouala avait toujours vécu dans le dénuement absolu, et personne n'avait jamais vu son visage: il recevait toujours ses visiteurs la face voilée. On disait qu'il n'avait pas mangé depuis son adolescence. Un saint visiblement de Dieu. Le Maroc politique était alors divisé entre partisans d'Abdelaziz et de Moulay Hafid.

A Fèz et à Marrakech, c'était la guerre des Palais.

Pendant ce temps les "roumis", les "iroumeine" envahissaient le Maroc. [iroumeine, mot berbère qui vent du mot Rome, qui veut dire: étranger venus d'Europe. On appelait le sultan, en berbère: "aglide iéromein" c.à.d. le roi des envahisseurs étrangers].

Lyautey et Amade en 1915

Et le général d'Amade, débarqué avec 20.000 hommes, tenait toute la région de Casa sous sa botte.

Il n'y avait plus de sultan puisqu'il y en avait deux, et demain trois ou quatre, et que de toutes façons ils étaient les amis alliés des occupants.

Dans ce grand désordre au sein des supposées "élites" politiques, le peuple se tournait vers un juste.

Pour lutter contre la décadence et la pourriture il fallait un homme de bien.

Ainsi raisonnaient les tribus de la Chaouia traquées par les mitrailleuses des envahisseurs, abandonnées par un sultan traître et fantoche.


32. Le courage et le bon droit
ne suffisaient pas à donner la victoire

Le "consensus populaire", vrai cette fois, porta sur Bou Nouala qui quitta son humble "tour d'ivoire" en jonc pour prêcher la révolte. En quelques semaines, il regroupa 15000 hommes, cinq fois plus que n'en pouvaient réunir le sultan de Fèz ou celui de Marrakech. Et tout ça - sans argent, sans moyen - par la seule force de la juste cause qu'il défendait. Pour mieux se faire entendre, il s'était installé dans une grande tente offerte par un de ses adeptes; on affluait en masse pour l'écouter.

Bou Nouala leur disait que le Tout-puissant l'avait choisi pour sauver le peuple et désarmer les infidèles. Comment ne pas le croire. Comment croire que Dieu puisse avoir abandonné ses fidèles: il fallait bien que le Miséricordieux suscite quelqu'un pour remplacer ce sultan qui ne bougeait pas de son palais bien qu'il soit "émir des croyants" et défenseur de la Foi. Le sultan s'était disqualifié en ne faisant rien. Bou Nouala les mènerait au combat.

videmment la déception fut aussi atroce que l'espoir avait été grand. Bou Nouala ne savait rien des Français, car le sultan maintenait le peuple dans l'ignorance totale. Bou Nouala pensait que sa baraka changerait les obus de ses ennemis en eau et que leurs balles n'atteindraient pas les poitrines des combattants de la Foi.

Le 15 mars 1907, dans l'après-midi doré de la Chaouia, les obus de 75 du général d'Amade firent un carnage du peuple en armes.

Les hommes qui se levaient contre le sultan traître et l'envahisseur ne savaient pas encore qu'il ne fallait pas affronter l'artillerie au grand galop, et que le courage et le bon droit ne suffisaient pas à donner la victoire.

On n'affronte pas une armée régulière de professionnels en rase campagne, on l'attire sur des terrains infranchissables. Abd-el-Krim le fera magnifiquement.

Mais il est trop tôt pour le dire: ces années noires sont celles d'une monarchie couchée et dans le lit de nos ennemis. Il n'y a que le peuple pour relever la tête, avec une folle imprudence à la mesure de son désespoir.

Le soir du 15 mars 1907, Bou Nouala dut abandonner le champ de bataille et réussit à se retirer dans les Doukkalas: si l'un des deux sultans en compétition l'avait reçu en cadeau des Français, il eût fini comme Bou H´mara finira 5 ans plus tard.

33. Le traître hypocrite Hafid avec ses protecteurs

Le sultan Hafid, "commandeur des croyants", 1908 à 1912, cupide et débauche: au cour d'une fole soirée avec des occupants. Remarquez la bouteille de wyski et le pied replié sans la babouche
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L'occupation de Casablanca par le corps expéditionnaire français allait permettre à Moulay Hafid de prendre la place de son frère Abdelaziz.

Hafid qui était le lieutenant de son frère à Marrakech, suivant l'habitude alaouite: on case ses frères comme "khalifa" ("gouverneur, adjoint du sultan dans une région) un peu partout pour les éloigner de Fez et des tentations du pouvoir auquel, encore une fois, ils avaient autant "droit" que le sultan régnant.

Le résultat était toujours désastreux depuis Moulay Ismaïl, inventeur du système, car les frères éloignés devenaient en fait totalement indépendants, se fabriquaient une petite armée de mé*******s.

Il y en avait dans tout le Maroc, et des notables locaux ambitieux qui espéraient faire une carrière juteuse dans le maghzen alaouite de Fèz. C'est très exactement ce que va faire Moulay Hafid e cheval de Troie des envahisseurs étrangers.

Tout le sud du pays était soulevé contre Abdelaziz parce qu'il avait livré le pays aux étrangers.

Hafid joua hypocritement sur ce sentiment national en voie d'élaboration, se fit le champion de l'indépendance. Les Français à la mer, Abdelaziz à la porte: les tribus se levaient en masse pour l'aider à réaliser ce projet. C'était encore une fois un manque de maturité politique évident de la part de simples paysans: Abdelaziz ou Hafid, c'était blanc bonnet et bonnet blanc. Mais les résistants n'avaient pour le moment pas le choix. Le plus urgent était de balayer Abdelaziz l'incapable et le traître
.

a suivre...









ÑÏ ãÚ ÇÞÊÈÇÓ