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rachiddj
2008-12-23, 11:38
bon jour ....je recherche des livres ou des etudes sur roman mohammed dib %la grande maison % ....aidez moi svp.

naili172000
2008-12-23, 12:02
Premier volet de la trilogie «Algérie» que complétèrent l’Incendie (1954) et le Métier à tisser (1957), la Grande Maison parut la même année que la Colline oubliée de Mouloud Mammeri et reçut un accueil très favorable auprès des milieux nationalistes qui virent dans la peinture crue des réalités quotidiennes le premier roman algérien engagé.

Synopsis

Omar, que ses dix ans «plaçaient entre les gaillards du cours supérieur et les morveux du cours préparatoire», rançonne quotidiennement ces derniers pour ne pas mourir de faim. Il vit avec sa mère, Aini, ses deux sœurs et la grand-mère impotente à Dar-Sbitar, la «grande maison», l’habitation du pauvre. Dar-Sbitar qui avait servi d’hôpital (sbitar en sabir), est une vaste demeure avec patio central où s’entassent plusieurs familles. Mais Omar passe le plus clair de son temps dans la rue comme tous les enfants aux «membres d’araignées, aux yeux allumés de fièvre», dont regorge Tlemcen. Un matin, Dar-Sbitar bourdonne comme une ruche: la police recherche Hamid Saraj, homme cultivé et respecté de tous. Trouver de quoi manger occupe toutes les énergies. Chaque jour, à l’heure des repas, la tension monte dans la chambre qui tient lieu de logis à la famille d’Aini: une maigre soupe, souvent sans pain et parfois rien. Le jeudi, l’opulente tante Lalla apporte quelques croûtons de pain. Zhor, belle adolescente voisine d’Omar, a vu la police arrêter Hamid Saraj. Les commentaires reprennent. Les femmes, maîtresses de Dar-Sbitar pendant la journée, emplissent les lieux d’un flot incessant de paroles. Pour s’en sortir, Aini doit faire de la contrebande et risque la prison. Un panier rempli de victuailles offert par un lointain cousin déclenche une euphorie chez Aini qui se répand bientôt dans toute la grande maison. La grand-mère mourante emplit la nuit de ses plaintes douloureuses. Les bruits de guerre se précisent et les rues de Tlemcen se remplissent d’une foule agitée, avide de nouvelles. Omar a la sensation d’avoir grandi, de comprendre ce que c’est d’être un homme.

Critique

Mohammed Dib situe l’action de son roman dans l’immédiat avant-guerre, au moment où les bruits de sirène des exercices d’alerte emplissent déjà Tlemcen, où «le mugissement de la bête sans visage» résonne dans les murs de la cité, où l’on parle de Hitler comme d’un sauveur des Arabes. Pour le jeune Omar, le danger fait irruption dans un étrange apaisement: celui de la ville désertée après le hurlement de la sirène tandis qu’il court à travers les rues, poursuivi par la silhouette du malheur. Entre l’époque où se situe l’action du roman (1939) et le moment de la publication (1952), un même contexte d’avant-guerre crée une ambiance de tension où s’exacerbent les débats.



Le roman s’ouvre sur une prise de position anticoloniale. Le fameux passage — souvent cité comme exemplaire — où l’instituteur Hassan dénonce le mensonge de la France, ne pouvait que déranger et troubler les consciences endormies. «Ce n’est pas vrai, si on vous dit que la France est votre patrie», lâche le maître en laissant passer une phrase en arabe. Omar comprend l’absurdité mensongère de ces rédactions préfabriquées où l’on demande aux jeunes indigènes, à l’aide de morceaux choisis, de parler de veillées au coin du feu et d’arbres de Noël. Au cœur même de l’aliénation, dans un monde déchiré, le jeune Omar prend progressivement conscience de la situation conflictuelle où se débat le peuple algérien et acquiert une certaine maturité politique grâce à Hamid Saraj, le seul homme qu’il admire, le seul qu’il ait entendu parler différemment.



Omar, personnage d’observateur, de témoin (contrairement à ses sœurs, il sort de la maison et se mêle à la foule des rues), est un relais grâce auquel un milieu est dépeint du point de vue de l’enfance, une enfance qui ne rime pas avec innocence mais plutôt conscience et parfois prescience des mystères de la vie: «Il n’acceptait pas l’existence telle qu’elle s’offrait. Il en attendait autre chose que [...] cette catastrophe qu’il devinait.» Mais en choisissant un personnage d’enfant, Mohammed Dib signifie aussi que la vie n’est pas encore jouée, que les instincts de liberté, de révolte, les forces neuves de la jeunesse peuvent triompher.



L’enfance maghrébine, immergée dans un monde féminin et souvent fermée aux hommes, est ici plongée dans une misère qui anéantit les habituels schémas familiaux. La faim est tellement présente dans le roman qu’elle semble parfois tout occulter. Les occurrences du verbe «manger» scandent le texte comme un thème obsessionnel. Car la faim n’est pas ici seulement absence de nourriture, présence monstrueuse, divinité implacable à laquelle chacun est soumis, elle s’empare des esprits et peut agir comme révélateur du monde: «C’était la brume de la faim. Si on se laisse prendre par cette brume, il arrive un moment où l’on ne peut plus s’arracher à elle [...]. Après un moment les voiles se déchirent, et tout apparaît dans un scintillement, dans un éclat insoutenable.»



Une série de comparaisons et de métaphores suggère un univers souterrain de l’enfermement, de l’animalité, de la déshumanisation. Les occurrences «prison, bagne, cellule» définissent l’enceinte de Dar-Sbitar, que ses occupants nomment «la Réprouvée». Dans cet univers carcéral la communication semble condamnée à l’échange violent, à une expression mutilée, murée. Les relations humaines y sont frappées d’étrangeté, de monstruosité: «Dar-Sbitar vivait à l’aveuglette d’une vie fouettée par la rage et la peur»; d’insultes en injures, de querelles en vitupérations, le psychodrame y est permanent.



La Grande Maison reflète évidemment les tendances idéologiques de Mohammed Dib. Né parmi les pauvres, c’est aux pauvres qu’il s’adresse et c’est à eux qu’il s’intéresse. S’il se prend à dire «nous», c’est qu’il s’approprie et ressent les souffrances de ses personnages; des souffrances qui fondent une sincérité car si dans ce texte le principe d’universalité est respecté, celui de la fidélité à soi l’est aussi, assurant un équilibre, une authenticité.

Mohammed Dib nomme et décrit, donne un contour aux êtres et à leurs réalités quotidiennes. Roman-tribune qui plaide la cause du colonisé, de sa misère, de sa faim, la Grande Maison ne peut pourtant être réduit à un simple documentaire. Il est le théâtre de consciences naissantes qui s’arrachent à la torpeur, et dit la dépossession des êtres par le heurt de deux systèmes de référence. L’un, dominant, renvoie à un ailleurs et aliène la réalité; l’autre dominé, dégradé, ne parvient encore qu’à troubler le jeu — avant d’y porter l’«incendie».

OMBRE GARDIENNE.

Recueil poétique de Mohammed Dib (Algérie, né en 1920), publié avec une Préface de Louis Aragon à Paris chez Gallimard en 1961.



L’auteur présente lui-même son premier recueil en s’affirmant «essentiellement poète», et ajoute: «C’est de la poésie que je suis venu au roman, non l’inverse. Mes premiers poèmes ont été publiés sporadiquement dans des revues et journaux [...]» Le thème principal qui donne sa couleur et son ton à l’ensemble est celui de l’exil. Essentiellement un exil intérieur, un peu comme “l’Albatros” de Baudelaire (Afrique Action, 1961). Ombre gardienne, fruit d’une production étalée sur une vingtaine d’années, regroupe trente-quatre pièces choisies par Mohammed Dib. Un choix qui lui permet d’exprimer ses préoccupations du moment — il a été chassé d’Algérie en 1959 — à travers deux grands thèmes: l’exil intérieur, comme il l’indique, mais aussi la mère Algérie.







Synopsis



Ce sont ces deux axes thématiques qui font la cohérence du recueil dont une même voix assure l’énonciation. Placée sous la dominante négative de la dépossession, du sommeil colonial, elle prescrit, dès le premier poème du recueil, à la sauvegarde des foyers: «Fermez vos portes / Femmes, le sommeil amer / Remplira vos nerfs...» Cette voix célèbre la ruralité et la féminité, attestées par de nombreuses occurrences. Ce que, dans leur réclusion, les femmes attendent, c’est le cri de la gestation (“Sur la terre errante”): «Je me sens comme enceinte, / Mère fraternelle, / Les femmes dans leurs huttes / Attendent mon cri.» C’est donc une nativité qui est espérée, et c’est, dans “De nuit en jour”, la salutation de l’enfantement de la lumière dans un cri qui devient chant: «Salut aux femmes qui enfantent en criant / La plus belle chanson / À tue-tête est venue ensoleiller / Les collines les plaines et les étables.» L’expectative de cette clarté est explicitement désignée comme celle de la patrie dans “De nuit en jour”: «Nous attendons le jour / Du fond des yeux nous regardons / Sur les montagnes / Se délier la nuit incombustible [...] / Nos yeux sont animés par la patrie.» La seconde dominante du recueil s’exprime dans un poème comme “Étranger”, où un «je» se constitue par interrogations réitérées sur son identité («ni mort ni vif»), et ne peut s’affirmer que dans l’étrangeté la plus radicale: celle de son aliénation. À la faveur de l’exil a lieu une rencontre fraternelle avec des romantiques «exilés» de l’intérieur, qui s’exprime notamment dans le poème “Sur la mort de Nerval”.

Critique

La femme, «ombre gardienne» du foyer durant la nuit coloniale, conservatrice de la culture ancestrale et des valeurs traditionnelles sauvegardées de l’aliénation, est au cœur du recueil; elle assure le lien entre passé et présent et incarne les espoirs du renouveau à venir. En effet, ce sont les «femmes fabuleuses», les mères, les épouses qui ont préservé ce qui demain sera germe d’un monde à rénover. Vestales, elles ont protégé la flamme qui se ranimera après la nuit de gestation. Les femmes, dans la production littéraire maghrébine, sont souvent associées à la terre comme garantes de l’ancienne loi et symboles d’éternel recommencement. C’est une voix féminine encore, confondue avec celle de la patrie, qui apporte les paroles de renouveau. Le «je» énigmatique du poème “Sur la terre errante”, qui, au fil des vers met l’accent sur la ruralité et la féminité englobées par l’algérianité, permet d’identifier la voix de ce recueil comme étant celle de l’Algérie.



Les poèmes d’Ombre gardienne suggèrent ainsi un monde symbolique où se mêlent le paradis et l’enfer, l’horreur de la guerre et la douceur salvatrice de la femme. Face à la guerre dont les «ramiers pour la mort resplendissent étranges», la femme porte la douleur de la terre et l’homme redevient l’enfant perdu qui cherche un abri; «Sans la mer, sans les femmes, nous serions restés définitivement des orphelins; elles nous couvrirent du sel de leur langue et cela, heureusement, préservera maint d’entre nous», écrit Mohammed Dib dans Qui se souvient de la mer? (1962).



La poésie de Mohammed Dib revient aux sources profondes, au dédale de l’inconscient, aux images premières. La fonction du poète, qui éclaire et complète celle du romancier témoin de la réalité du drame vécu, est de guider son peuple vers les forces simples et vitales où puiser l’énergie nécessaire à une recréation. Un pont est d’ailleurs lancé entre les deux versants de l’œuvre, puisque les poèmes apparaissent comme chants, complaintes ou berceuses modulés par les personnages des romans. Ainsi le poème “Sur la terre errante” est-il repris de la Grande Maison où il était la complainte de Menoune mourante sur sa couche de Dar-Sbitar. Les poèmes semblent alors nourris de chansons populaires, issus du plus profond de la mémoire. La création poétique chez Mohammed Dib, soumise à un retravail continu, est donc l’objet d’une redondance, d’un nécessaire rappel des sources de vie pour dire «l’œuvre de vérité».

said0720
2009-05-19, 23:51
la colline oubliée de mouloud mammeri-les personnage principaux