imam mohamed
2014-05-09, 21:03
Cette nouvelle peut-être étudiée en classe sous forme de séquences
dont voici les titres et les objectifs :
Séquence 1 :
Jour de marché
Séquence 2 :
L’accusation
Séquence 3 :
Une fin tragique
Objectifs :
— repérer
l’organisation
de la séquence
élémentaire
(schéma narratif
simple),
— retrouver
les éléments
constitutifs de
la description et
leur organisation,
— proposer
plusieurs suites à
un récit,
— insérer une
description d’un
lieu dans un récit,
— résumer un récit.
Objectifs :
— identifier les forces
agissantes dans un
récit (les actants),
— étudier les
éléments
constitutifs du
portrait, mettre en
relation le portrait
du personnage
avec ses paroles,
— saisir la fonction
symbolique de la
description,
— insérer des
passages
descriptifs dans un
récit (portrait).
Objectifs :
— dégager le
schéma narratif
de la nouvelle,
— énumérer les
caractéristiques
de la nouvelle,
— réaliser une fiche
de lecture,
— produire un récit
plus ou moins
long.
Quels sont les aspects de la nouvelle à voir en 1re AS ?
Chaque séquence étudiée servira de point de départ à un travail plus
approfondi sur ce qui fait la spécificité du narratif.
L’étude de l’organisation en séquences de la nouvelle permettra de
faire un travail sur la structuration du récit. On abordera l’aspect des
forces agissantes dans le récit (actants). On y verra aussi la structuration
temporelle et spatiale (description spatiale) et son lien direct avec la
narration.
N.B : Pour plus d’informations, se référer au programme (chapitre
«Les contenus») et au document d’accompagnement (chapitre «Les objets
d’études»).
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Jour de marché Séquence 1
«Disposant d’un nombre restreint de lieux, la nouvelle leur accorde
une place importante et un retentissement particulier sur le plan de la
signifi cation.»
«La description des lieux s’efforce de reproduire le monde réel en créant
des «effets de réel». La toponymie, l’évocation précise des lieux donnent
l’illusion que le monde de la nouvelle appartient au monde réel.» (Franck
Evrard, La nouvelle. Ed, Seuil 97 p 20).
La description occupe une place importante dans cette séquence. Elle
permet :
— d’ancrer l’histoire dans la réalité (la campagne normande, un jour
de marché),
— de mettre en place un décor dans lequel évolueront les personnages
et qui sera important à la compréhension de la nouvelle.
Deux expressions permettent de retrouver les différentes parties de
cette description :
a- Sur toutes les routes de Goderville,
b- Sur la place de Goderville.
Dans un premier temps, ce sont les paysans et leurs femmes qui sont
décrits (leur démarche, leurs vêtements…). Une description négative qui
insiste d’une part sur les déformations corporelles («leurs jambes torses,
déformées par les rudes travaux», «tailles sèches»…), et ridiculise d’autre
part les paysans («Leur blouse bleue (…) gonflée autour de leur torse
osseux, semblait un ballon prêt à s’envoler, d’où sortaient une tête, deux
bras et deux pieds»).
Il faudra peut-être aussi souligner l’emploi du terme «mâles» à travers
lequel les paysans sont assimilés à leurs bêtes.
Cette idée sera développée dans la deuxième partie de la description
par des expressions qui se rapportent aux différents sens (voir tableau
page suivante).
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Visuel Auditif Olfactif
— «une foule, une
cohue d’humains
et de bêtes
mélangés.»
— «Les cornes des
boeufs, les hauts
chapeaux à longs
poils des paysans
riches et les coiffes
des paysannes
émergeaient à
la surface de
l’assemblée.»
— «Et les voix
criardes, aiguës,
glapissantes
formaient une
clameur continue
et sauvage que
dominait parfois
un grand éclat
poussé par la
robuste poitrine
d’un campagnard
en gaieté, ou le
long meuglement
d’une vache
attachée au mur
d’une maison. »
— « Tout cela sentait
l’étable, le lait et
le fumier, le foin et
la sueur, dégageait
cette saveur aigre,
affreuse, humaine
et bestiale».
Un personnage se détache de cette foule : c’est maître Hauchecorne
de Bréauté (même son nom «hoche / corne» renforce ce rapprochement
«paysans / bêtes»). Il effectue plusieurs actions « il aperçut», «il se
baissa», «il prit».
Dans cette partie, l’emploi du passé simple met en valeur maître
Hauchecorne qui passe du second plan au premier plan.
Second plan Premier plan
Description des paysans et de leurs
femmes.
Emploi de l’imparfait.
Maître Hauchecorne se détache de
cette masse, effectue des actions.
Emploi du passé simple.
A la fin de cette séquence sont décrites les pratiques du marché et les
comportements des paysans (acheteurs ou vendeurs). Ils marchandaient
mais «dans la crainte d’être mis dedans», n’osaient jamais se décider.
Ils épiaient l’oeoeoeil du vendeur et chercher sans fin à découvrir la ruse de
l’homme et le défaut de la bête. Une mentalité qui expliquera après la
raison pour laquelle on ne croira pas à l’innocence de maître Hauchecorne
«parce qu’il était capable, avec sa finauderie de Normand, de faire ce
dont on l’accusait, et même de s’en vanter comme d’un bon tour.» D’où la
polysémie du mot ficelle.
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Schéma narratif de la séquence :
Situation initiale
Description des paysans et de
leurs femmes sur les routes et
sur la place de Goderville.
— Elément perturbateur
— Suite d’actions
— Résolution
— Maître Hauchecorne aperçut
une fi celle, la prit.
— Son ennemi le vit,
— Maître Hauchecorne cacha la
fi celle,
— il fi t semblant de chercher
quelque chose par terre.
— Il se perdit dans la foule.
Situation fi nale A midi, la place se dépeupla.
Résumé possible de la séquence :
Maître Hauchecorne, se promenait au marché de Goderville quand il
aperçut un bout de ficelle. En bon normand, il le prit car «tout est bon
à ramasser qui peut servir. Mais son pire ennemi, maître Malandain le
vit».
- 69 -
«Le cheval et l’âne»
1- Un texte apologétique : (un récit dont le but est d’enseigner
une morale).
— Quelle est la morale de cette fable ? Est-elle implicite ou explicite ?
(implicite, suggérée par les deux premiers vers ; morale explicitée :
il se faut entr’aider)
2- Une démonstration sous la forme d’un récit :
— Identifier la situation initiale,
l’élément perturbateur,
les péripéties,
la situation finale.
— Quelle conclusion vérifie la morale présentée au début ? Quel sens
a-t-elle à l’égard du cheval (le cheval est condamné à porter le
fardeau tout seul. Ce sera sa punition).
3- Les personnages : réduits aux actants principaux.
— Que représente le «on» de l’avant-dernier vers (le propriétaire).
— Pourquoi est-il désigné par «on» (il a un rôle secondaire dans la
fable, les principaux personnages étant l’âne et le cheval).
— Pourquoi le choix de l’âne et du cheval ? (ordinairement le cheval
est un animal de trait, l’âne un animal de charge qui porte les
fardeaux).
— Quel autre terme désigne l’âne ? A-t-il tout à fait le même sens ?
(Baudet — chercher dans le dictionnaire).
4- Enonciation :
— Par quoi est manifestée la présence du narrateur ? (l’énoncé de
la morale, l’humour de la conclusion : «Et la peau par-dessus
encor».)
— Un récit bref au service d’une morale : retrouver ce caractère dans
d’autres fables.
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Un conte à ta façon...
Pistes de travail : deux histoires possibles, celle des trois petits pois,
et celle des échalas.
Il s’agit pour l’élève de prendre une décision, après une lecture
balayage des textes.
Des possibles narratifs : l’exercice est un exercice de création, non
de rédaction puisqu’il s’agit pour l’élève de choisir parmi des suites
possibles (des possibles narratifs), le parcours qu’il juge le plus conforme
à l’idée qu’il se fait de l’histoire (parcours bref, ou au contraire dilatoire,
comme on le retrouve dans certains contes que les «grands-mamans»
peuvent rallonger à volonté, en fonction des circonstances, de l’intérêt
provoqué…).
Une exigence : respecter la logique narrative, le principe de la
cohérence sémantique et grammaticale (dans le sens d’une grammaire
de texte).
Le travail peut se faire individuellement (travail relativement rapide)
ou par groupes (travail relativement plus longs mais avantageux car il
demande des discussions, des négociations entre élèves pour choisir le
sujet et le parcours narratif, de façon consensuelle.
Les travaux recueillis s’ajouteront au recueil de contes visé par le
troisième projet de l’année.
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L’accusation Séquence 2
Chez M. Jourdain L’accusation
Description de l’auberge
(l’atmosphère qui y régnait).
— Tout à coup le tambour roula
dans la cour,
— tout le monde fut debout,
— on courut à la porte,
— le crieur public annonça la
perte d’un portefeuille.
— L’homme s’en alla.
On se mit à parler de cet
événement.
On fi nissait le café,
— le brigadier de gendarmerie
demanda à Hauchecorne de le
suivre chez le maire.
— Ce dernier l’accusa d’avoir
trouvé le portefeuille et de
l’avoir gardé,
— Il l’informa qu’il avait même un
témoin : maître Malandain
— Hauchecorne expliqua alors
qu’il avait ramassé un bout de
fi celle non pas un portefeuille,
— personne ne voulut croire à son
histoire.
— Le lendemain, un paysan rendit
le portefeuille.
Maître Hauchecorne racontait son
histoire complétée par le nouvel
événement. Il triomphait.
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Le portrait :
«Le personnage de la nouvelle est souvent construit par un ensemble de
marques directs (…) qui définissent son identité. Quelques informations
suffisent parfois pour le constituer.» (Franck Evrard, La nouvelle. Ed,
Seuil 97 p 31).
Ainsi, on ne retient que quelques traits essentiels de maître
Hauchecorne : il souffre de rhumatismes, il est économe, il est rancunier,
Malandain est son ennemi.
— «Portrait d’Huckleberry» (Mark Twain, Les aventures de Tom
Sawyer ) :
Désigné dès le début du texte par l’expression «l’enfant terrible du
village», ce personnage est :
détesté par les mères admiré par les enfants
parce qu’il donnait un mauvais
exemple pour leurs fi ls ayant la
réputation d’être paresseux, mal
élevé et méchant.
parce qu’ils lui enviaient sa
condition de hors-la loi notoire.
La description insiste sur les vêtements de ce personnage qui lui donne
un aspect comique et nous informe sur son statut social (il s’habillait
avec la défroque des grandes personnes : un énorme chapeau, une veste
qui lui tombait sur les talons, un pantalon dont le fond lui arrivait
aux genoux et dont les jambes traînaient dans la poussière.)
Elle met en valeur aussi la liberté dont jouit ce personnage. Plusieurs
expressions le montrent (à sa guise, quand il voulait, quand cela lui
chantait, l’heure qui lui plaisait) et ses actions le prouvent (l’été, il
dormait à la belle étoile ; l’hiver il passait ses nuits dans le tonneau ; il
était le premier à marcher pied nus au printemps et le dernier à mettre
des chaussures à l’approche de la saison froide.)
— Les paroles des personnages comme moyen de caractérisation :
«En raison du principe d’économie, les auteurs de nouvelles
privilégient généralement les modes de caractérisation indirects,
implicites au niveau du dire (dialogue, direct ou rapporté) du faire
(action, réaction dans une situation donnée, comportement)».
(Franck Evrard, La nouvelle. Ed, Seuil 97p 31)
Le discours direct permet de situer les personnages dans une sphère
sociale. C’est pourquoi, il faut travailler sur le dialogue entre le maire et
maître Hauchecorne et effectuer une comparaison entre les paroles des
deux personnages pour faire apparaître leur différence sociale.
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Le maire Maître Hauchecorne
— Le notaire de l’endroit.
— Hommes à phrases pompeuses.
— Il parle correctement.
— Il accuse maître Hauchecorne.
— Il n’est pas instruit.
— Il parle maladroitement (paroles
traduites phonétiquement pour
renforcer l’accent campagnard)
— Il se répète.
— Il n’arrive pas à se défendre (il
n’argumente pas).
Les forces agissantes :
Un actant : est tout élément (objet ou personne) qui joue un rôle
important dans le déroulement du récit.
Schéma actanciel de la séquence 2
Destinateur Objet Destinataire
Le maire
La dignité de maître
Hauchecorne
Prouver son
innocence
Lui-même
Alliés Personnage principal Opposants
Marius Paumelle
qui retrouve le
portefeuille
Maître Hauchecorne Maître Malandain,
l’avarice de maître
Hauchecorne, son
entourage, son
comportement, la
fi celle, le portefeuille
perdu.
Remarque : — l’actant considéré comme étant l’allié de maître
Hauchecorne (le portefeuille retrouvé) deviendra son
opposant dans la séquence 3 puisqu’on reprochera
à maître Hauchecorne d’avoir fait rapporter le
portefeuille par un complice.
— Le destinataire aussi changera dans la séquence 3
du fait que Maître Hauchecorne mort ne pourra plus
prouver son innocence.
Résumé possible de la séquence :
Un portefeuille fut perdu. Maître Hauchecorne fut accusé de l’avoir
trouvé et de l’avoir gardé. Il eut beau expliqué que ce qu’il avait ramassé
par terre n’était qu’un bout de ficelle, personne ne voulut croire à son
histoire. Le lendemain, un paysan rendit le portefeuille. Ce dénouement
soulagea Maître Hauchecorne.
Tableau récapitulatif
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Une fin tragique Séquence 3
L’espace :
«La nouvelle s’était répandue», «La nouvelle se répandit aux
environs» : deux expressions qui soulignent l’étroitesse de l’espace dans
lequel évoluent les personnages de la nouvelle. Un lieu où le moindre
événement fait «jaser» tout le monde.
La chute :
«Dans l’économie générale de la nouvelle, la conclusion est un lieu
d’intensité maximale» (Franck Evrard, La nouvelle. Ed, Seuil 97 p36).
Un récit répétitif : il s’agit d’une reprise obsédante de la même histoire
(le personnage Hauchecorne raconte plusieurs fois ce qui s’était produit
une seule fois). C’est ce qui rend les choses encore plus difficiles pour
lui puisqu’il est accusé d’avoir fait rapporter le portefeuille par un
complice : «y en a un qui trouve, et y en a un qui r’porte. Ni vu ni connu,
je t’embrouille.»
Ne croyant plus à la possibilité de prouver son innocence, maître
Hauchecorne sombre dans un état paranoïaque et meurt en répétant
«Une ‘tite ficelle… une ‘tite ficelle… t’nez, la voilà, m’sieur le Maire.»
La chute dans «Etrange rencontre» de D. Buzzati :
«La chute produit deux effets contradictoires, tirant la lecture vers
l’avant et invitant à un retour sur ses propres traces afin d’interpréter
la signification :( il faut lire lentement un texte bref et ne sauter aucune
marche dans cet escalier, à peine de s’égarer, de laisser le secret tapi entre
les phrases se dissoudre).» (Franck Evrard, La nouvelle. Ed, Seuil 97 p 57).
- Le choix du cadre spatio-temporel : (lieux de grande foule, aux heures
de pointe, moments de plus grande bousculade et agitation).
- L’implication du lecteur (désigné par le pronom personnel «vous»).
- L’utilisation de plusieurs expressions qui renvoient à une
certitude (sans l’ombre d’une incertitude, c’est absolument lui, pas
d’erreur possible, mathématiquement sûr).
Tous ces éléments ainsi que l’articulateur «Mais» (qui introduit la
dernière phrase du texte) préparent la chute qui, au lieu de conforter et de
rassurer le lecteur, «déroute ses habitudes (…), cherche à le surprendre
tout en l’invitant à une relecture active, à une nouvelle exploration de son
territoire.» (Franck Evrard, La nouvelle. Ed, Seuil 97p 60).
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La fiche de lecture
Objectifs d’une