izri zine eddine
2012-07-08, 03:24
من فضلكم يا اخوتي أريد ترجمة هذا النص الى اللغة العربية .وشكرا لكم مسبقا.
Le besoin vital des lettres
Au cours de l'été 1952, Jean Giono accord une série d'entretiens à Jean et Taous Amrouche, un couple d'intellectuels d'origine algérienne, spécialisés dans les interviews littéraires. en 1939, pacifiste convaincu, Giono est arrêté pour avoir incité ses compatriotes à la désertion ; il raconte comment, en partie grâce au contact physique avec un livre, il parvint à supporter les difficiles conditions de son emprisonnement au fort Saint-Jean de Marseille.
Je n’ai à aucun moment souffert, mais j’ai fait une expérience : j’étais naturellement privé de lecture, privé totalement de lecture. Vous comprenez ce que ça veut dire ça, vous qui êtes comme moi un grand lecteur. Je me suis aperçu que l’œil avait pris une habitude à la forme typographique de la page autant qu’à son sens peut-être. J’étais privé de lecture, et sortant de cette période où j’étais privé de lecture, je rencontre dans un couloir un condamné qui portait une cagoule, c’est-à-dire une espèce de capuchon. Les condamnés qui étaient mêlés aux prévenus portaient une sorte de cagoule. Je le rencontre dans le couloir et il me dit : est-ce que tu veux lire ? Naturellement je lui dis oui, et il me glisse un livre dans les mains. La nuit tombait, là-dessus je suis renfermé dans ma cellule, je caresse toute la nuit la forme même du livre. Et la forme même du livre me donnait une extraordinaire sensation de bonheur sensuel. Puis, vers le matin, vers les six heurs, nous faisions une promenade dans la cour. C’était un moment toujours extraordinairement magique ! Ça se passait à Marseille, il y avait au-dessus de la cours de la prison un immense ciel vert, admirable, qui était le ciel de l’aube sur la mer. A ce moment-là, je me suis dit : << dans un moment la lumière va être assez vive pour que tu puisses lire. >> Je me promenais, de long en large, tenant mon livre ouvert sans que je puisse lire un mot. Et, brusquement, j’ai pu lire. Ce livre-là, c’était malheureusement l’Histoire du canon de tranchée par le colonel Babillot. Je me souviens de ça, parce que ça a été une très grande déception quand j’au vu ce titre, alors j’ai tourné mon livre à l’envers, et je me suis promené dans le *******ement le plus parfait en me disant que le jour montait dans cette cour de prison, en me satisfaisant simplement de la forme typographique des pages.
Le besoin vital des lettres
Au cours de l'été 1952, Jean Giono accord une série d'entretiens à Jean et Taous Amrouche, un couple d'intellectuels d'origine algérienne, spécialisés dans les interviews littéraires. en 1939, pacifiste convaincu, Giono est arrêté pour avoir incité ses compatriotes à la désertion ; il raconte comment, en partie grâce au contact physique avec un livre, il parvint à supporter les difficiles conditions de son emprisonnement au fort Saint-Jean de Marseille.
Je n’ai à aucun moment souffert, mais j’ai fait une expérience : j’étais naturellement privé de lecture, privé totalement de lecture. Vous comprenez ce que ça veut dire ça, vous qui êtes comme moi un grand lecteur. Je me suis aperçu que l’œil avait pris une habitude à la forme typographique de la page autant qu’à son sens peut-être. J’étais privé de lecture, et sortant de cette période où j’étais privé de lecture, je rencontre dans un couloir un condamné qui portait une cagoule, c’est-à-dire une espèce de capuchon. Les condamnés qui étaient mêlés aux prévenus portaient une sorte de cagoule. Je le rencontre dans le couloir et il me dit : est-ce que tu veux lire ? Naturellement je lui dis oui, et il me glisse un livre dans les mains. La nuit tombait, là-dessus je suis renfermé dans ma cellule, je caresse toute la nuit la forme même du livre. Et la forme même du livre me donnait une extraordinaire sensation de bonheur sensuel. Puis, vers le matin, vers les six heurs, nous faisions une promenade dans la cour. C’était un moment toujours extraordinairement magique ! Ça se passait à Marseille, il y avait au-dessus de la cours de la prison un immense ciel vert, admirable, qui était le ciel de l’aube sur la mer. A ce moment-là, je me suis dit : << dans un moment la lumière va être assez vive pour que tu puisses lire. >> Je me promenais, de long en large, tenant mon livre ouvert sans que je puisse lire un mot. Et, brusquement, j’ai pu lire. Ce livre-là, c’était malheureusement l’Histoire du canon de tranchée par le colonel Babillot. Je me souviens de ça, parce que ça a été une très grande déception quand j’au vu ce titre, alors j’ai tourné mon livre à l’envers, et je me suis promené dans le *******ement le plus parfait en me disant que le jour montait dans cette cour de prison, en me satisfaisant simplement de la forme typographique des pages.