Outhan de Beni-Khalil.
L’Outhan de Beni-Khalil est borné au nord par le
Fhos ou banlieue d’Alger, au sud par la province de Titery, à l’est par l’Arath, qui le sépare de celui de Beni-Moussa et à l’ouest par la Chiffa et le Mazafran qui le séparent, de l’Outhan-d’el-Sebt. Il comprend trois grandes divisions qui sont le Sahhel ; la plaine où le quartier de Bouffarick, et la montagne. Le Sahhel est la division la plus rapprochée du Fhos. Le terrain est montueux, couvert de broussailles, de lentisques, de palmiers nains et de myrtes. Cependant il offre quelques vallons fertiles et bien arrosés : le principal cours d’eau du Sahhel est l’Oued-el-Kerma ou rivière des Figues, qui se jette dans l’Arath, non loin de la Ferme-Modèle. Le Sahhel est divisé en 4 cantons qui
sont : Oulad-Fayed, Maalema, Douera et Ben-Chaoua.
Oulad-Fayed, qui s’appuie à la mer du côté de Sidi-
Féruch, est le canton le moins montueux du Sahhel. Le
centre en est occupé par une plaine assez fertile et assez étendue; c’est la plaine de Staouéli, célèbre par la bataille du 19 juin 1830. Tout ce canton rappelle les souvenirs historiques de cette époque; c’est là que se trouve Sidi-Féruch, point de débarquement des Français ; la route qui fut construite par eux, traverse le canton du nord-ouest au sud-est ; elle est encore très praticable, quoiqu’elle n’ait pas été entretenue. Celle de Douera, commencée en 1833, passe à l’est d’Oulad-Fayed. Les principaux centres de population du canton d’Oulad-Fayed, sont Aïn-Kala, Staouéli, Chergga, Oulad-Fayed et Haouch-Deschioua. Maalema, canton vaste, mais peuplé, est situé entre Oulad-Fayed et la Métidja. Il est tout montueux et traversé par de larges et profonds ravins. Les principaux centres de population
sont : Maaléma, Haouch-ben-Kandoura, Haouchben-
Omar, Dekhekna, Essadia, Bederna, Ben-Chaaban,
Haouch-Touta, Haouch-Bery, fermes ou villages rapprochés du Mazafran, et qui ont été abandonnés par suite des déprédations des Hadjoutes. Le chemin d’Alger à Coléah, qui n’est qu’un assez mauvais sentier, traverse ce canton de l’est à l’ouest. Les communications entre les deux rives du Mazafran, ont lieu par deux gués situés à un 1/2 mille l’un de l’autre : le premier se nomme Mokta-Khera ; il se trouve au confl uent du Mazafran et de l’Oued-Bouffarick,
au fond d’une gorge : le second est au-dessous de celuici, il est connu sous le nom de Mokta-Ensara. Le terrain au-dessus et au-dessous de ces deux gués est occupé par un très beau bois où l’on trouve plusieurs essences d’Europe ; ce bois est marécageux dans la partie qui s’étend sur la plaine de la Métidja, qui, dans cette direction, commence à peu de distance de Mokta-Khera. Douera est le moins étendu des cantons du Sahhel il est montueux comme celui de Maalema, à l’est duquel il est situé ; les principaux centres de population en sont Haouch-bab-Hassem, Xaria, Douéra et Ouled Mendil, situé à la descente des collines : le camp de Douéra occupe le centre de ce canton.
Ben-Chaoua, situé à l’est de Douéra, est en partie sur
les collines et en partie dans la plaine. Ses centres de population sont : ben-Chasua, Oulad-si-Soliman et Oulad-ben-Hadj. La partie qui est dans la plaine est occupée par le bois de Byr-Touta, qui traverse la route d’Alger à Bélida.
Le quartier de Bouffarick, tout entier dans la plaine, est
traversé de l’est à l’ouest par le cours d’eau du même nom qui se jette dans le Mazafran, près de Mokta-Khera : il a été divisé en trois cantons, qui sont l’Otta, le Merdjia et l’Hamaïd. L’Otta est compris entre la route de Bélida et l’Arath : il est peu fertile dans les environs de cette route, mais il change d’aspect sur les bords de la rivière : les principaux centres de population sont : Oulad-Chebel, un des plus beaux villages de la plaine ; Goreith, Souk- Aly, ferme du Beylik, où il existe un vaste bâtiment, et Haouch(1) Beyel-Gharb.
El-Merdjia, ainsi que l’indique son nom, est très
marécageux ; les marais sont formés par le ruisseau de
Bouffarick ; les principaux centres de population sont :
Haouch-ben-Khalil, Mered, Bouagueb. C’est près de ce
dernier Haouch que se tient le marché de Bouffarick ;
il y a en cet endroit plusieurs ruisseaux, que la route de
Bélida traverse sur dix ponts en pierres en fort mauvais
état. El-Hamaïd est la plus belle partie de l’Outhan de
Beni-Khalil. Il s’étend jusqu’au pied de l’Atlas; les principaux centres de population, sont : Guerouaou, Halouga, tres grands villages ; Haouch-Abriza et Haouch- Chaouch, fermes du beylik, où il y a aussi un grand bâtiment, qui commande le marché de Bouffarik, presqu’à portée de fusil : la route de ce marché à Bélida sépare l’Hamaïd du Merdjia.
La partie de l’Outhan de Beni-Khalil située dans la
montagne nous est peu connue. Elle comprend les tribus Kbaïles deBeni-Missra, Beni-Salah et Beni-Messous. Beni-Missra est une tribu d’une faible population ;
____________________
(1) Haouch est une ferme. — Djemâa est un village. — Déchera
est le nom des villages dans les montagnes. —Arch est un canton de
tribu. — Douar est un village de tentes.
on appelle Farrouka, la partie de son territoire qui touche à celui de Beni-Moussa. Beni-Salah est à l’est de Beni-Missra, au-dessus de Bélida ; cette tribu compte près de 500 fusils, mais n’a que 7 ou 8 cavaliers ; elle est riche et fertile, et a pour chef El-Arley-ben-Brahim, qui a été deux fois Kaïd de l’Outhan. Il fut Cheikh de Beni-Salah dès l’âge de 8 ans, après la mort de son père, qui avait cette dignité. Beni-Messous est au sud-est, de Beni-Salah, tout à fait dans le coeur de la montagne, c’est une petite tribu liée par sa position à celle de Beni-Salah. La population de l’Outhan de Ben-Khalil est évaluée approximativement à 3,000 familles ; elle est tracassière et diffi cile à gouverner, mais la moins brave de la plaine. Elle
peut mettre sur pied 700 cavaliers et 1,200 fantassins. Les Hadjoutes, qui traitent avec beaucoup de dédain les gens de Beni-Khalil, ont fait contre eux des chansons fort plaisantes, où ils les qualifi ent de marchands de beurre et de fromages. Sous l’administration des Turcs, il y avait dans
1’Outhan de Beni-Khalil deux Kaïds-el-Achour; l’un demeurant dans l’Hamaïd, et l’autre dans le Sahhel. Le Kaïd de l’Outhan avait à Bélida pour la montagne, un lieutenant qui portait le titre de Cheik des Cheiks, et était en même temps Kaïd-el-Achour pour cette partie de l’Outhan.
Outre les dîmes, l’Outhan payait en contributions
tous les deux mois, 2,675 rials drain sghers (1,605 fr.);
entre la fête du Rhamadam, et celle du Bairam, 8,800
rials (5,280 fr.), somme destinée au Dey et à ses employés ; enfin, par mois, au Kaïd, 200 rials, ou 120 fr. ; le total de ces contributions s’élevait ainsi, par an, à 16,350 francs. Le Kaïd de l’Outhan percevait en outre et perçoit encore un droit sur certaines denrées mises en vente au marché de Bouffarick : il recevait par jour un boudjou (1fr. 80 c.) par chameau, boeuf ou mule, mis en fourrière, et avait de plus une assez large part dans toutes les amendes : le Mézouar de Bélida lui donnait par semaine deux quartiers de moutons, une mesure d’orge et 8 pains.
Il existe à Haouch-Ben-Omar, dans le Sahhel, des
ruines d’un ancien édifi ce que la tradition du pays dit
avoir été le palais d’une princesse chrétienne, appelée
Métidja, qui donna son nom à la Métidja. Cette princesse, dit-on, avait une conduite fort déréglée. Était-ce la Cava que Marmol dit avoir été enterrée non loin de la ?